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Vivement critiqués, les frondeurs du parti socialiste réclament le départ de Manuel Valls. Mais ils ne voteront pas la motion de censure contre le gouvernement.
Pour le moment, le gouvernement n’est pas menacé. La motion de censure, déposée par l’UMP et les centristes de l’UDI et soumise au vote jeudi après-midi, ne devrait être votée que par la droite… et les communistes. Les écologistes et les frondeurs du PS ont fait savoir qu’ils ne la soutiendraient pas. « Il n’y a pas de majorité alternative », a donc martelé Manuel Valls. C’est vrai mais cela ne suffit pas à réfuter l’idée que le gouvernement ne dispose plus de majorité fiable au Palais Bourbon. D’autant que, sur le texte croissance et activité, le nombre d’élus PS qui pensaient voter contre ou s’abstenir dépassait le cercle habituel de la trentaine de frondeurs.
« La question se posera après les départementales »
Se sentant pousser des ailes, ces derniers se sont mis à réclamer le départ du Premier ministre. Eux qui à l’automne espéraient tout haut son limogeage après une défaite prévisible du PS aux départementales de mars, s’étaient tus sur ce point après les attentats de janvier. Hier, ils ont à nouveau avancer cette hypothèse. « Je n’écarte pas l’option de changer de Premier ministre », a déclaré Christian Paul sur radio Classique. « Je demande un changement de ligne, s’il doit passer par un changement de Premier ministre, ça ne me dérange pas », a abondé Laurent Baumel sur i-télé. « La question se posera après les départementales », souligne Pouria Amirshahi.
Le silence de Valérie Rabault
« On ne peut pas être rapporteure générale du Budget et ne pas être dans la ligne du groupe », a critiqué hier le porte-parole des députés PS Hugues Fourage. Valérie Rabault a « clarifié » sa position sur tweeter : « J’ai toujours voté les textes du gouvernement ». Mais c’est son silence de mardi qui lui est reproché. « Au regard de la manière dont Macron nous avait traités, nous n’avions pas envie de répondre à des sollicitations de gens qui se rappelaient juste qu’on existait que depuis quelques heures… Bien évidemment, nous n’aurions jamais voté contre », explique le député du Cher Yann Galut, membre du même club- « Cohérence socialiste » – que Valérie Rabault, Karine Berger (secrétaire nationale du PS) et Alexis Bachelay.
Aux frondeurs comme aux hésitants, le chef de file des députés PS entend « poser la question de confiance » et du « respect des règles ». « Il y a une vérification à faire sur la solidarité minimum qu’on doit », a insisté le porte-parole du gouvernement Stéphane le Foll. Lui estime qu’il y a des mesures à prendre. Mais l’idée de sanctions bute sur quatre obstacles : celles prises jusqu’à présent – comme la privation de responsabilités- n’ont eu aucun effet sur les frondeurs ; le vote n’ayant pas eu lieu, il n’y a pas d’acte à sanctionner ; exclure des députés du groupe PS reviendrait à se priver structurellement de majorité ; et tout à la préparation de son congrès de juin, le premier secrétaire du parti Jean-Christophe Cambadélis n’est pas enclin au disciplinaire. « On va attendre un petit peu. Il ne faut pas battre le fer quand qu’il est chaud », commence-t-il avant d’ajouter sans plus de précision : « Je fixerai des bornes » .