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Loi Macron, UDI, UMP
Ce soir, l’Assemblée se prononce sur la motion de censure déposée par l’UMP et l’UDI sur le projet de loi portée par le ministre de l’économie. Même si l’issue ne fait guère de doute, il s’agit sans doute d’un des moments les plus révélateurs du mandat du président de la République.
Quand le PS fait de l’UMP
Même si le gouvernement a dû mettre de l’eau dans son vin, dans la plus grande tradition de la syntèse hollandienne, ce projet est important car cette collection d’articles ressemble assez furieusement au rapport Attali, commandé par la présidence précédente, à laquelle avait contribuée… le même Emmanuel Macron ! Pendant sa présidence, qui tenait plus du « one man show » que d’un chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy n’avait cessé de critiquer la législation concernant le travail du dimanche en pointant de multiples fois le cas des Champs Elysées, où un côté de l’avenue est ouvert et l’autre pas. Outre ce que cet exemple révélait de la vision de la France du personnage, qu’a-t-il fait en 5 ans ?
Il est tout de même sacrément ironique qu’alors que l’UMP n’a rien changé étant au pouvoir, ce soient les socialistes qui mettent en œuvre les promesses de Nicolas Sarkozy sur le travail dominical. Voici un nouvel exemple de la confusion du débat politique qui voit l’opposition d’hier faire ce que la majorité d’alors n’a pas osé faire, bien qu’en en ayant défendu l’idée pendant tout son mandat ! Pire, le projet de loi Marcon introduit des subtilités qui permettront de réduire le surcoût du travail dominical, qui sera fixé par des accords ad hoc. Et cette loi fourre-tout comporte d’innombrables articles comme la privatisation dogmatique et dérisoire de certains aéroports, dont on a vu les prémices à Toulouse.
Plus politique qu’économique
Bien sûr, le ministre de l’économie, qui joue son nom et une partie de son avenir sur cette loi, affirme qu’elle soutiendra la croissance, par l’ouverture des boutiques le dimanche ou la multiplication des lignes de bus. Outre que le fait de remettre son destin dans la main des riches chinois désireux de faire des achats le dimanche est aussi dérisoire que révélateur de l’état d’esprit de ce ministre, qui souhaite que les jeunes Français rêvent de devenir milliardaire, cette loi n’aura aucun impact sur notre croissance. En revanche, avec un très fort taux de chômage, elle imposera à trop de familles de voir un de leur membre, qui ne le souhaite pourtant pas, de travailler le dimanche, faute de mieux.
Mais cette loi est sans doute plus politique qu’économique. En illustrant le divorce avec la gauche de la gauche, le président et son gouvernement continuent à creuser le sillon eurolibéral plus clairement assumé depuis janvier 2014. On peut se demander s’il ne s’agit pas un moyen de piéger l’UMP et Nicolas Sarkozy en 2017. En effet, dans la campagne à venir, nous nous retrouvons dans l’étrange situation où c’est une majorité dite de gauche qui aura mis en place un projet de libéralisation vantée par l’ancienne majorité de droite que celle-ci n’aura pas osé faire pendant cinq ans. Et le recours au 49-3 peut démontrer une forme de résolution qui contraste avec l’inaction de Nicolas Sarkozy…
La loi Macron est un condensé de tout ce qui ne va pas avec cette majorité : un projet fourre-tout sans véritable projet d’ensemble, bien plus politicien qu’économique, et qui n’apportera rien à notre pays. Mais il ne faut malheureusement pas sous-estimer l’habileté du locataire de l’Elysée…