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L’Occident ne peut se contenter d’observer les événements et d’attendre le miracle.
Christian Vanneste, Homme politique,Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France

En bon politicien, Manuel Valls sait que le mot ou la formule qui frappent par leur originalité ou bénéficient du relief de la surprise vont marquer l’opinion. Gagné ! « Islamo-fascisme » est repris partout et fait débat. Cela paraît fort, d’utiliser une expression prisée des néo-conservateurs quand on est un homme de gauche et habile, quand cet homme de gauche regarde souvent à droite. La multiplication des horreurs commises par l’État islamique et la répétition des attentats par ses séides en Europe rend le discours du « rien à voir avec l’islam » complètement inopérant, voire contre-productif. Il faut donc désormais opposer le bon islam qui est compatible avec la République au mauvais qui s’illustre par la violence. Comment rejeter cet islam-là dans le camp du mal sans toucher à l’autre ? En l’identifiant au diable dans la mythologie de la gauche : le fascisme.

Cette pirouette sémantique n’a pratiquement aucun fondement solide. Même si Mussolini avait lancé l’idée d’État totalitaire, il est allé beaucoup moins loin dans cette direction que les totalitarismes nazi et communiste. C’est pourquoi, avec raison, certains auteurs, comme Rioufol, préfèrent « nazislamisme ». Ce terme plus stigmatisant ne manque pas d’arguments. La commune haine des Juifs est le plus évident. Les scènes horribles d’exécutions de masse de prisonniers agenouillés dans des fossés et abattus par les tueurs de l’État islamique rappellent les images de massacres commis par les « Einsatzgruppen ». De façon plus abstraite, enfin, l’idée de la soumission à une idéologie mystique, animée par un chef, le calife ou le Führer, appuyée sur un livre, et exigeant un don total de leur personne par les adeptes dans une vie où s’estompent les frontières entre le privé et le public, l’intime et le collectif, le profane et le sacré, est présente dans les deux fanatismes.

Là, en revanche, où Manuel Valls a raison, c’est lorsqu’il affirme que le débat est à l’intérieur de la religion musulmane. La lecture des Évangiles et du Coran montre que le christianisme est foncièrement non violent, à la différence de l’islam. Les crimes commis par les salafistes résultent d’une certaine lecture des textes. On serait bien en peine de trouver dans le Nouveau Testament pareille justification. Que l’une et l’autre se soient écartées de leurs messages d’origine au cours de l’Histoire autorise un certain optimisme pour l’islam. Il y a 1,7 milliard de musulmans dans le monde. Bien des civilisations ont atteint un haut niveau au sein de cette religion. Rien n’interdit de penser que l’Histoire favorisera davantage encore ce processus. L’islam est plus que millénaire quand fascisme, nazisme et communisme soviétique sont morts en moins d’un siècle.

Mais l’Occident ne peut se contenter d’observer les événements et d’attendre le miracle. Comme le remarquait Jean-Claude Barreau, « les musulmans ont de la difficulté à vivre dans une société quand ils sont minoritaires ». Le premier problème est donc démographique. Il suppose sans doute de limiter le nombre des musulmans en Europe afin que les exigences communautaires ne déstabilisent pas les sociétés de tradition chrétienne et que l’intégration puisse se faire. La seconde question qui se pose est celle des liens entre les communautés musulmanes et des pays ou des organisations qui soutiennent le salafisme. Ces liaisons dangereuses doivent être supprimées. Enfin, le poids géopolitique des pays musulmans est considérable. Nombre d’entre eux ont des régimes qui méconnaissent la démocratie et les droits de l’homme. La tartuferie de l’Oncle Sam et les contrats alléchants ne doivent pas, selon le mot de Lénine, amener les démocraties occidentales à leur vendre la corde avec laquelle elles seront pendues.

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