Malgré «l’épreuve», le Premier ministre jure de « réformer sans relâche » L’usage du 49-3 pour la loi Macron devrait laisser des traces à gauche.
Les écologistes et les « frondeurs » du PS, dont beaucoup ont choisi de ne pas assister à la séance, ont sans surprise refusé de mêler leurs voix à celles de l’UMP, de l’UDI (pas unanimes pour autant, 7 sur 30 ne l’ont pas votée), du FN et d’une partie des communistes.
« La suite est devant nous»
Manuel Valls s’est appuyé sur ce résultat acquis d’avance pour tenter de rasseoir sa légitimité. « Il n’y a pas de majorité alternative », a-t-il tranché, assurant que cette « épreuve » parlementaire lui donne « l’énergie pour agir » et jurant que rien n’arrêtera « le mouvement de la réforme ». « Nous continuerons sans relâche à reformer avec tous les moyens que donne la Constitution. Sans faiblir, nous continuerons à avancer », a-t-il martelé, évoquant la loi santé, la modernisation du dialogue social, le numérique, la justice ou la « lutte contre les ghettos ». « La suite est devant nous », a-t-il souligné, alors que le doute est fort sur la capacité du gouvernement à faire des réformes. Comme à son habitude, le Premier ministre s’est voulu offensif. « Ce que nous faisons est d’une force et d’une ampleur sans précédent », a-t-il plaidé, louant sa « cohérence économique » au moment où la croissance reprend (a-t-il dit) et saluant « l’action et la modernité » d’Emmanuel Macron.
Le mot « autorité » est revenu comme un leitmotiv dans son discours. Manière pour lui d’« accrocher à sa personnalité les qualificatifs de fermeté républicaine, ténacité réformiste, socialiste du XXIème siècle », note un proche du président.
Loin de clore les débats
Mais le chef du gouvernement a aussi essuyé un tir nourri de critiques. Contre sa politique. Mais aussi contre sa personne. Appelant François Hollande à « renvoyer les députés devant leurs électeurs », le président du groupe UMP, Christian Jacob, a raillé « une nouvelle étape de l’affaiblissement » d’un Premier ministre qui « chaque jour se coupe davantage de ses troupes » et qui a l’« obsession de durer pour construire son image personnelle » . « Vous ne tenez plus le manche ! Vous ne pilotez plus ! », a-t-il attaqué. « Le quinquennat s’est arrêté mardi à 16h25 », a renchéri le chef de file des députés UDI, Philippe Vigier. Le communiste André Chassaigne l’a, lui, appelé à arrêter ce « programme destructeur » qui « tourne le dos aux valeurs de la gauche ».
Le vote est cependant loin de clore les débats. Parce que la loi Macron n’a pas fini son parcours législatif : elle doit encore être examinée par le Sénat au mois d’avril, après les élections départementales. Parce que l’exécutif ne peut plus faire usage, d’ici la fin de la session parlementaire, de l’arme du 49-3 sur un autre texte. Et parce que cet épisode _« pas terrible » pour la gauche, avoue-t-on au sommet de l’Etat_, va laisser des traces. Manuel Valls est plus que jamais attendu au tournant. Avec un premier test, la semaine prochaine : la grand-messe à Matignon, mercredi, sur la réforme du dialogue social.