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Crise en UkraineLe gouvernement ukrainien a accusé la Russie d’envoyer des chars et des troupes supplémentaires dans l’est de l’Ukraine. La grande ville côtière de Marioupol pourrait être le prochain objectif des séparatistes prorusses.
Moscou n’a pas répondu à cette accusation ce vendredi 20 février. Si les faits sont avérés, ils marqueraient de manière quasiment certaine la fin de la trêve conclue à Minsk (Bélarus) la semaine passée grâce à la médiation de la France et de l’Allemagne.
Novoazovsk se situe à 40 kilomètres à l’est de Marioupol. Prise par les rebelles l’an passé, la localité apparaît comme le tremplin idéal pour une offensive en direction de la cité côtière. Marioupol constituerait une porte ouvrant sur le sud de l’Ukraine et sur la péninsule de Crimée, annexée par la Russie en mars dernier.
«Au cours des derniers jours et en dépit de l’accord (de cessez-le-feu) de Minsk, des équipements militaires et des munitions ont été vus entrant en Ukraine à partir de la Russie», a dit Andryi Lissenko, porte-parole de l’armée ukrainienne. Selon lui, plus de 20 chars russes, dix canons automoteurs et des autocars transportant des combattants ont franchi la frontière.
Echange de prisonniers?
Deux jours après la retraite précipitée des troupes ukrainiennes de Debaltseve, les rebelles semblent vouloir mettre leurs victoires militaires à profit pour dicter leur calendrier. Ils ont annoncé vouloir échanger samedi leurs prisonniers avec ceux détenus par l’armée ukrainienne.
Kiev n’a pas confirmé cet échange, qui fait partie de la série de mesures adoptées à Minsk. Plus de cent soldats ukrainiens ont été capturés pendant la débâcle de Debaltseve, noeud ferroviaire clé reliant les deux «capitales» séparatistes de Donetsk et Lougansk.
Les séparatistes affirment être en faveur du strict respect de ces accords, alors qu’ils ont violé à plusieurs reprises le cessez-le-feu entré en vigueur le 15 février. «Le nombre d’attaques démontre que les terroristes ne veulent pas vraiment faire taire leurs armes», a dit Anatoly Stelmach, porte-parole de l’armée gouvernementale.
«Cela prendra du temps»
Face à cette situation, les Occidentaux continuent de s’accrocher à l’espoir d’une application de l’accord conclu dans la capitale biélorusse. De concert avec François Hollande, la chancelière allemande a appelé vendredi à la mise en oeuvre des accords de Minsk pour que «le bain de sang ne se poursuive pas» dans l’est ukrainien.
Le président français et la chancelière s’appellent presque chaque jour à propos du dossier ukrainien. Lors d’une conférence de presse commune à l’Elysée, François Hollande a dit ne pas avoir été «formellement» informé de l’entrée de nouveaux chars russes en Ukraine.
Angela Merkel n’a pas voulu non plus dramatiser les violations du cessez-le-feu de ces derniers jours. Elle a expliqué qu’il s’agissait d’un processus «difficile» et de longue haleine. «Nous ne nous faisons pas d’illusions, le processus de paix en Ukraine prendra du temps», a-t-elle dit.
François Hollande a souligné l’importance de «ne pas nous laisser emmener là où nous ne voulons pas aller, c’est-à-dire ou la stagnation, ou la crise ou la guerre». Les chefs de la diplomatie français, allemand, russe et ukrainien doivent se rencontrer mardi à Paris, a annoncé le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius.
Nouvelles actions de l’UE?
Le président du Conseil européen, Donald Tusk consulte les dirigeants européens sur «les prochaines mesures» de l’UE en réaction aux violations du cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine. Ces mesures auront pour objectif «d’augmenter le coût de l’agression contre l’est de l’Ukraine», a-t-il expliqué, cité dans un communiqué.
«Il y a eu plus de 300 violations du cessez-le-feu. Des gens continuent de mourir. Nous atteignons clairement un stade où les efforts diplomatiques sont inutiles s’ils ne sont pas soutenus par des actions supplémentaires», a-t-il affirmé.
Pour sa part, le porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme, Ruppert Colville, s’est dit «profondément inquiet du sort des civils, des prisonniers et des blessés» dans la zone de Debaltseve. Avec ses maisons déchiquetées et des rues parsemées de véhicules brûlés, la ville offrait vendredi un spectacle de désolation.