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Par Jean-Paul Brighelli

Geneviève Fioraso s’est inventé une maîtrise d’économie. Pour une personne en charge des universités, cela dépasse l’entendement, se scandalise Brighelli.

La secrétaire d'État n'a pas de maîtrise d'économie mais une simple licence.
La secrétaire d’État n’a pas de maîtrise d’économie mais une simple licence. © Patrick Kovarik/AFP

Début mars 2011, Karl-Theodor zu Guttenberg, ministre allemand de la Défense – ce n’est pas rien, même dans un pays qui n’a théoriquement pas d’armée en capacité offensive – et étoile montante de la classe politique d’outre-Rhin, qui avait toujours prétendu être doktor en Sciences politiques de la prestigieuse université de Bayreuth, avec la mention summa cum laude (en français, avec les félicitations du jury), a été acculé à la démission : la thèse était en fait un copié-collé de textes divers, sans références ni guillemets. Les universitaires, outrés de l’escroquerie du baron, créent même un site dédié à l’analyse du plagiat. Verdict : 21,5 % du travail du ministre a été volé. Scandale et malédiction : malgré le soutien de « la Chancelière », comme dit François Hollande qui ne rajoute même plus « allemande », le ministre a fini par démissionner.

La politique du faussaire

Pourquoi rappeler cette vieille histoire ? Après tout, en septembre, c’était Jean-Christophe Cambadélis que Laurent Mauduit soupçonnait d’avoir obtenu par la bande, si je puis dire, et par plagiat incorporé, son doctorat de sociologie – et malgré les dénégations furieuses du responsable socialiste, Mediapart a maintenu ses affirmations. Mais aujourd’hui, c’est la secrétaire d’État aux Universités qui finit par avouer que la maîtrise d’économie dont elle se vantait sur le Who’who était entièrement fictive.

 ©  Captiure d'écran Who's Who

Cela la fiche mal quand on est en charge du système universitaire et de recherche. Que Geneviève Fioraso soit d’une compétence fort étroite, cela ne surprendra guère les lecteurs de ces chroniques, qui l’ont souvent épinglée. Mais qu’elle soit encore installée rue Descartes, vingt-quatre heures après la dénonciation d’une escroquerie aux titres, voilà qui dépasse l’entendement. Ce gouvernement aurait-il vocation à couvrir les plagiaires et les faussaires ? À moins que le mensonge autobiographique ne soit finalement qu’un cas particulier de l’incompétence.

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