La réforme du collège peut tenir ou exploser en plein vol d’ici à la mi-avril.
La réforme du collège, « c’est le baptême du feu » de Najat Vallaud-Belkacem, résume Christian Chevalier du SE-Unsa. C’est la première grosse réforme de la ministre de l’Education. Les tensions qu’elle suscite sont d’une tout autre ampleur que celles nées, par exemple, de la refonte de l’éducation prioritaire. Pour la ministre, la partie s’annonce serrée. D’abord, parce que les syndicats qui soutiennent les enseignements transdisciplinaires ne sont pas majoritaires. Ensuite, parce que la réforme ravive des conceptions de l’école radicalement différentes.
Plutôt que de faire le programme de français en entier, mieux vaut que les élèves acquièrent des compétences (maîtrise de la langue française…), défendent en substance le Sgen-CFDT et le SE-Unsa. C’est le socle commun, ce bagage que tous les élèves devraient maîtriser à la fin de leur scolarité obligatoire. En fin d’année dernière, Najat Vallaud-Belkacem n’hésitait pas à parler de « cette école du socle que nous voulons construire ». Quitte à heurter de plein fouet le principal syndicat, le SNES-FSU.
Autonomie pédagogique
Autre germe de contestation : l’autonomie pédagogique. Sur ce point, Najat Vallaud-Belkacem peut trouver un soutien de taille à Matignon. Manuel Valls écrivait en 2011 : « L’Etat doit […] renforcer l’autonomie de tous les établissements, sans remettre en cause le tronc commun des compétences, pour leurs politiques pédagogiques adaptées à leurs environnements. » Cette autonomie apparaît néanmoins comme un « choc culturel », relève Frédéric Sève, du Sgen-CFDT. D’un collège à l’autre, les élèves n’auront pas exactement les mêmes enseignements. C’est une « déréglementation », dénonce déjà Hubert Raguin, de FO.
Si Najat Vallaud-Belkacem va au bout de sa réforme, il lui faudra probablement passer en force. Sera-t-elle soutenue par Matignon et l’Elysée ? La réforme n’a cessé d’être repoussée, alors que le collège est le maillon faible de la réussite des élèves. « En fin de troisième, 25 % ne maîtrisent pas les compétences de base, c’est inacceptable », soutient la ministre. Les syndicats devraient avoir le détail des grilles horaires le 12 mars, et se retrouver au ministère le 16 mars. S’ouvriront alors trois semaines de discussions intenses avant le vote consultatif le 9 avril du Conseil supérieur de l’éducation. Trois semaines au cours desquelles la réforme du collège peut tenir… ou exploser en plein vol.