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Christian Paul, reçu à l’Élysée mercredi soir avec 13 autres frondeurs, raconte au « Point » ce « tour de table » qui n’avait rien d’un apéro entre amis…

Le président a reçu les frondeurs mercredi soir à l’Élysée. Ni la loi Macron ni le 49.3 n’étaient au menu. © Christophe Petit Tesson / Max PPP

Par Charlotte Chaffanjon

Le député socialiste de la Nièvre Christian Paul, reçu à l’Élysée par le président durant plus de deux heures, mercredi soir, au côté de 13 autres frondeurs du parti, raconte sa soirée.

Cette rencontre avec François Hollande a-t-elle été constructive ?

Christian Paul : Elle était en tout cas indispensable. On ne pouvait pas continuer à avoir un dialogue de sourds, par médias interposés, pendant des mois. Et puis c’était le minimum, car cela fait presque un an qu’on exprime nos doutes et nos désaccords. Maintenant, le dialogue est noué. Mais on ne s’est pas quittés sur des accords, nous n’étions pas là pour écrire une plateforme politique. François Hollande a été comme il devait être : à l’écoute et sans complaisance. Il a reconnu la sincérité de notre démarche et il a compris notre détermination, ce qui était important à nos yeux. Cette rencontre a été cash, mais sans clash.

Concrètement, que lui avez-vous dit ?

Des choses qu’il n’entend pas tous les jours, que nous sommes pris dans un engrenage de la désaffection. Nous lui avons dressé un tableau du pays, des relations entre le président et le Parlement, nous avons fait un état de la gauche, qui appelle des remèdes de cheval, et nous avons alerté sur le rétrécissement de la majorité. Ce qui l’a le plus surpris, c’est que beaucoup lui ont dit qu’ils n’étaient pas là pour le faire échouer, mais pour le faire réussir. Nos propos n’étaient ni agressifs ni dépressifs.

Et qu’a-t-il répondu ?

Sur le fait de rélargir la majorité, il a répondu : « Il faut d’abord ressouder les socialistes et rélargir ensuite. » On lui a dit qu’un contrat de majorité était pour nous un sésame pour la suite. Ensuite, certains sujets ont éveillé son intérêt, comme lorsque nous avons parlé d’une nouvelle loi bancaire. Sur d’autres, il n’a pas réagi, comme lorsque nous avons appelé à une réforme fiscale pour plus de justice.

Sur le fond de sa politique, le président avait dit le jour même dans l’hebdomadaire Challenges qu’il ne changerait pas de ligne ni de Premier ministre…

Oui, et il a répété que, sur le pacte de responsabilité, il ne changerait pas. Mais on avait lu l’interview avant de venir, alors on n’était ni désabusés ni surpris. Ce qui est sûr, c’est que tout le monde cherche les voix du rassemblement. Je ne l’ai pas senti inerte.

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