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dossiers éparpillés, droit des étrangers, Les menaces de mort, Tribunal administratif de Toulouse
Gilles Gaetner
C’est un fait divers, si l’on peut l’appeler ainsi, dont personne ou presque, ne parle. Et pourtant, il est d’une particulière gravité. Pour la première fois, depuis que la France se voit touchée par une série de dégradations, d’actes racistes, antisémites et d’attentats, un bâtiment judiciaire a fait l’objet d’un saccage en bonne et due forme. Cela s’est passé au Tribunal administratif de Toulouse, où sur quatre étages, bureaux de magistrats, de greffiers ont été littéralement vandalisés, vraisemblablement lors du week-end du 8 au 9 mars.
Mais le pire est à venir : des dossiers sont éparpillés, parfois déchirés, des photocopieurs ont été renversés, des bureaux visités… Et surtout, sur les quatre étages apparaissent sous forme de tags, les mêmes inscriptions à la bombe de peinture noire : « Le prophète te jugera » ou encore « Avertissement. » Le nom d’une magistrate, de confession musulmane, est même écrit sur les murs. Comme ceux de fonctionnaires de police. Les menaces de mort sont à peine voilées. Passé le moment de stupeur, le personnel prend vite conscience que ce saccage n’est sans doute pas le fait d’une bande de jeunes voyous et désoeuvrés… Non, cette intrusion, la nuit, survenue, coïncidence, la veille de la visite du vice-président du Conseil d’Etat, Jean-Marc Sauvé- aurait plutôt pour auteurs des individus connaissant parfaitement les lieux. On comprend pourquoi : le Tribunal administratif de Toulouse, qui couvre les départements de l’Ariège, l’Aveyron, la Haute-Garonne, le Tarn et la Haute-Garonne, outre six chambres chargées du contentieux dans divers domaines (logement, marchés, fonction publique, collectivités locales etc…), statue sur un important contentieux consacré au droit des étrangers.
Pour l’année 2014, comme l’a rappelé La Dépêche, l’un des rares journaux à avoir évoqué ce saccage ahurissant, 6 196 affaires ont été jugées, dont 1853 portant sur le droit des étrangers, parmi lesquelles 514 mesures d’éloignement…Or, certaines reconduites à la frontière ont dû fortement déplaire. D’où une possible vengeance qui aurait débouché sur une action violente. C’est en tout cas une hypothèse sur laquelle travaille de la Brigade de répression du banditisme de Toulouse.