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Nicolas Sarkozy a-t-il voulu rendre hommage à l’esprit de Valéry Giscard d’Estaing et rallier à son panache un peu fané feu Jean-Pierre Soisson, François Léotard et Jacques Blanc ?
Dominique Jamet

Les Républicains ? Non, il ne s’agit pas d’un nouveau groupe musical qui ferait irruption sur la scène française et internationale avec l’intention de supplanter et de faire oublier les Beatles, les Rolling Stones, les Bee Gees, Indochine, Zebda, Noir Désir et Daft Punk.

Les Républicains, c’est le nom (encore secret, mais de Polichinelle) que Nicolas Sarkozy aurait l’intention de soumettre d’ici l’été, conformément à l’engagement qu’il en a pris, à l’approbation de ses militants. Il est vrai que la marque UMP, quelque peu défraîchie, fait nettement plus que son âge et que, de l’avis général, elle a fait son temps.

Ce faisant, l’actuel président du mouvement ne fait que suivre l’exemple de ses prédécesseurs à la tête du “Grand Old Party” de la droite gaulliste puis post-gaullienne. Il fut un temps, en effet, où celui-ci changeait de dénomination à chaque nouvelle consultation : UNR, puis UDR, puis UD-Ve. Vint ensuite le RPR, et enfin l’UMP.

Mais pourquoi diable « les Républicains » ? Légitimistes, orléanistes et bonapartistes feraient-ils planer sur la forme du régime, comme il y a près d’un siècle et demi, une menace telle que les défenseurs et amis de Marianne devraient constituer dans l’urgence un front uni contre les factieux ? À l’exact inverse, il n’est de jour ni d’occasion que les porte-parole de tous les partis, de l’extrême gauche à l’extrême droite, y compris ceux dont on l’aurait le moins attendu, ne proclament leur attachement à la République et à ces fameuses « valeurs républicaines » présentes dans tous les discours et si absentes de la vraie vie.

La dernière fois qu’une formation politique française s’est placée sous l’invocation de la République, il s’agissait du Parti républicain. Nicolas Sarkozy a-t-il voulu rendre hommage à l’esprit de Valéry Giscard d’Estaing et rallier à son panache un peu fané feu Jean-Pierre Soisson, François Léotard et Jacques Blanc ? Rien ne l’indique.

L’hypothèse la plus vraisemblable me paraît être que M. Sarkozy, trop à l’étroit en France et las de l’ingrate patrie qui ne semble plus reconnaître ses mérites, a définitivement cédé à son tropisme américain et qu’il a décidé de se porter candidat des conservateurs d’outre-Atlantique face au champion que désigneront prochainement les Démocrates. Hillary Clinton peut trembler. Nicky is back. C’est une heureuse initiative et on ne peut que souhaiter à l’ancien chef de l’État bonne chance… et bon vent.

Boulevard Voltaire – La liberté guide nos pas