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par  RIOUFOL Ivan

L’obsessionnelle détestation du FN, partagée par l’UMP et le PS, révèle chez eux un même refus de se confronter à leurs échecs. La formation de Marine Le Pen, qui a pris la tête des sondages, est en effet le symptôme édifiant de la crise de la démocratie. Son parti progresse sur les ruines des idéologies et l’incapacité de la droite et de la gauche à présenter des idées neuves.
L’UMP et le PS exhibent une même haine contre leur « ennemi » commun, mais ne font rien, jusqu’à présent, pour se réformer eux-mêmes. Leur cible est pourtant le résultat de leurs erreurs. Quand ce n’est pas Nicolas Sarkozy, qui jure de sanctionner le moindre accord avec le FN, c’est Manuel Valls qui « revendique la stigmatisation de Marine Le Pen ». Non seulement les limites de la diabolisation n’ont pas été analysées par les états-majors, mais l’excommunication républicaine est réactivée de plus belle. La panique des faibles s’étale au grand jour.
C’est un monde politique à la pensée pétrifiée et à la violence verbale débondée qui s’acharne en vain contre l’hydre fascistoïde.

En réalité, le FN recentré est devenu un courant populaire raisonnable, qui s’inscrit dans la révolution démocratique partout en marche. « Il y a un fil conducteur dans l’histoire universelle : c’est l’effort permanent de l’humanité vers toujours plus de liberté », remarque Michel Lacroix (Ma philosophie de l’homme, Robert Laffont).

Le mouvement de Marine Le Pen a des faiblesses, des lacunes, des hérésies. Son isolement, son inexpérience, son programme économique rendent improbable sa victoire à la présidentielle de 2017. Néanmoins, il est outrancier de soutenir que ce parti présenterait un danger pour la république. La vacuité de l’argument, outre qu’il dévoile chez ceux qui le servent un complexe de supériorité mal venu, pourrait bien accélérer son arrivée au pouvoir.
Il y a, oui, une forme de bêtise chez ceux qui privilégient le lynchage à la réflexion. Comment expliquer autrement l’état du débat, qui n’ose toujours pas aborder les questions sociétales sur lesquelles le FN prospère ?

Quand Michel Onfray qualifie, lundi, le premier ministre de « crétin » après avoir été accusé par ce dernier de « perdre ses repères », le philosophe pointe la gauche idéologue, sectaire, manichéenne, qui n’est pas la sienne. Christiane Taubira, qui bat l’air de phrases vides, illustre ce monde stérile, vaniteux et autoritaire. Mercredi, elle a annoncé vouloir activer les « actions de groupe » contre le racisme et la discrimination, sans définir ces mots fourre-tout dont abuse la police de la pensée. L’erreur de la droite est de se laisser, une fois de plus, entraîner à se solidariser avec cette caste finissante, qui tente de préserver par l’intimidation tyrannique son indéfendable magistère.

L’UMP, que Valls fait déjà disparaître quand il voit le FN « aux portes du pouvoir », n’a pas fini de payer sa soumission à cette gauche aboyeuse. Les exclusions promises par Sarkozy contre ceux qui pactiseraient avec le FN aux départementales (22 et 29 mars) reproduisent les figures imposées par le PS dans son seul intérêt.
Le cauchemar de Hollande serait une Union de la droite, comme François Mitterrand avait fait l’Union de la gauche après le congrès d’Épinay (1971), laissant le PS avaler le PC au passé stalinien indigeste.
Depuis que l’antisémitisme a changé de camp, quittant majoritairement le FN pour rejoindre la gauche antisioniste et sa clientèle des cités, rien ne s’opposerait à une semblable intégration rendant impossible toute victoire de la gauche, minoritaire. Mais il manque encore l’esprit libre et audacieux qui osera mettre fin à cette guerre de tranchées devenue inutile entre les deux droites.

Mauvais diagnostics
« Mon angoisse (…) : j’ai peur pour mon pays qu’il se fracasse sur le Front national », dramatise le premier ministre. Cependant, ce positionnement en « rempart » d’un populisme barbare n’est qu’un effet de style. Car la France est déjà fracassée, et ce gouvernement y a sa part.

Fracassée par le chômage, l’endettement, la violence, la désintégration sociale, la déculturation. La gauche et la droite ont produit ces désastres qu’elles n’osent regarder en face. Le FN horripile évidemment le système politico-médiatique quand il dresse l’inventaire des catastrophes et s’étonne des maigres réponses apportées. Il a beau jeu de soutenir qu’il n’y est pour rien; ce qui n’est d’ailleurs pas exact : Jean-Marie Le Pen a sa responsabilité dans l’aveuglement collectif, lui qui a interdit à beaucoup, par ses dérapages xénophobes, de poursuivre ses analyses sur les risques posés par l’immigration massive et le communautarisme. Rien ne dit de surcroît que Marine Le Pen ait les bonnes réponses. Mais la sottise (une de plus) de ses adversaires est de lui laisser le monopole des solutions.

Le PS pense faux. Il pose de mauvais diagnostics et apporte donc des réponses erronées. Sa lecture biaisée de la manifestation du 11 janvier l’autorise à décréter l’urgence d’une « mixité sociale» afin de lutter contre « l’apartheid territorial, social, ethnique qui s’est imposé notre pays » (Valls, 20 janvier).
C’est le sens de la « politique de peuplement », à l’intitulé très Politburo, que prépare le premier ministre et qui forcerait les gens à vivre ensemble. Or, outre qu’aucun ministre n’a fait savoir qu’il donnerait l’exemple en allant habiter à Monfermeil (Seine-Saint-Denis), il est faux de prétendre qu’existe un apartheid, c’est-à-dire un racisme d’État, et que les Français indignés par le terrorisme islamique auraient manifesté pour autre chose que le respect de la liberté d’expression.

S’il est une urgence pour répondre au mal vivre ensemble, c’est de mettre un terme à l’immigration de peuplement qui asphyxie les ghettos. Mais cette solution de bon sens n’est pas même revendiquée par l’UMP…

Source : lefigaro.fr