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Lucie Robequain
  • Le billet vert pris 20 % rapport monnaies sur un an, 27 % rapport l'euro.

    Le billet vert a pris 20 % par rapport à la plupart des monnaies sur un an, 27 % par rapport à l’euro. – Photo Philippe Huguen/AFP

L’euro est passé sous la barre de 1,05 dollar la semaine dernière, pénalisant encore plus les exportateurs américains.

Le dollar fort profite à l’Amérique, claironnent les conseillers de Barack Obama. Reste à savoir si l’adage vaut toujours avec un billet vert en surchauffe, qui ne cesse de flamber par rapport aux autres devises mondiales – il a pris 20 % par rapport à la plupart des monnaies sur un an, et même 27 % par rapport à l’euro. La question préoccupe d’autant plus que le dollar a atteint un nouveau point haut vendredi. L’euro représente moins de 1,05 dollar, un niveau jamais vu depuis douze ans. «  Nous assistons à une guerre des monnaies », pense Douglas Duncan, économiste chez Fannie Mae. Une affirmation que la Maison-Blanche récuse formellement, mais qui trouve de plus en plus d’échos parmi les patrons américains.

Les exportateurs sont franchement inquiets. Procter & Gamble (Pampers, Ariel, etc.) a vu son bénéfice chuter de l’ordre de 30 % au dernier trimestre. Le groupe, qui réalise plus de deux tiers de ses ventes à l’étranger, estime que la flambée du dollar va amputer son bénéfice annuel (de juin à juin) de l’ordre de 12 % et ses ventes de 5 %. Les dégâts sont encore pires chez Coca-Cola, qui a vu ses bénéfices chuter de 55 % au dernier trimestre, ses ventes à l’étranger rapportant beaucoup moins que d’habitude. Le dollar ne pénalise pas que les vendeurs de lessive et de soda : du charbon aux cosmétiques, en passant par les producteurs de poulets et les géants de la high-tech, ce sont tous les exportateurs américains qui sont en train de revoir leurs ambitions à la baisse pour cette année. Au total, les 500 plus grandes entreprises du pays (S&P 500) génèrent plus de 40 % de leurs revenus à l’étranger.

Exportations en berne

Cela se répercute à l’échelle du pays : l’effondrement des exportations a amputé la croissance de 1,1 point au dernier trimestre. Et il devrait encore effacer 0,2 % de PIB ce trimestre, et 0,4 % le suivant, selon le consensus des économistes. «  Le bénéfice d’un pétrole peu cher va commencer à se tarir. L’inconvénient du dollar fort, quant à lui, va se faire pleinement sentir aux deuxième et troisième trimestres », pense Michael Gapen, économiste en chef chez Barclays.

La flambée du dollar a un autre inconvénient : elle tire les prix à la baisse, alors que l’Amérique a désespérément besoin d’inflation pour doper la consommation et soutenir l’activité. Parce que les produits européens et asiatiques deviennent moins chers pour les Américains, les prix ont tendance à stagner, voire à baisser. La Fed n’a ainsi aucun espoir d’atteindre rapidement les 2 % d’inflation qu’elle juge nécessaires pour porter l’économie américaine à plein régime.

http://www.lesechos.fr