Étiquettes
Non seulement le blocage est facilement contournable, mais il offre en outre une promotion inespérée aux sites faisant l’apologie du terrorisme.
Voilà, c’est fait : le gouvernement a utilisé pour la première fois le blocage de sites internet faisant l’apologie du terrorisme, prévue par la loi antiterroriste de novembre 2014. Le ministère de l’Intérieur fait usage de ses nouveaux pouvoirs et se passe donc de l’autorisation du pouvoir judiciaire.
Mais comme nous l’avions craint lors des débats à l’Assemblée, l’État fait plutôt la promotion de ces sites et augmente leur aura en les interdisant. Leurs noms sont déjà relayés sur de nombreux sites web d’information, et il suffit d’utiliser Google pour trouver leur adresse. C’est ce qu’on appelle l’effet Streisand : quand on veut à tout prix étouffer quelque chose, on finit par le promouvoir. Dans ce cas, l’État a gentiment constitué les marque-pages du parfait petit terroriste, aux frais du contribuable.
RSF inquiet
Et comme si ce n’était pas suffisant, la France s’humilie un peu plus, car elle n’arrive pas à bloquer totalement les sites. Cela aussi, des députés l’avaient signalé dès les premières minutes des débats, mais le gouvernement n’a rien voulu entendre. Résultat : quelques clics suffisent pour contourner le blocage et ne plus voir l’avertissement du ministère de l’Intérieur : « Vous avez été redirigé vers ce site officiel car votre ordinateur allait se connecter à une page dont le contenu provoque à des actes de terrorisme ou fait publiquement l’apologie d’actes de terrorisme. »
Lors du vote de la loi antiterroriste, Reporters sans frontières avait dénoncé un texte qui « pourrait engendrer un recul de la liberté d’information puisqu’il […] prévoit le blocage administratif de sites internet et augmente les mesures de surveillance ».