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allsitude, Benjamin Stora, musée de l’Immigration, reductio ad Hitlerum, Vallaud-Belkacem et consorts

Et les images, aussitôt, de se juxtaposer dans nos pauvre cervelles malmenées : les fous de Daech explosant à coups de massue les taureaux ailés assyriens du musée de Mossoul… et les hordes lepénistes saccageant à coups d’Opinel les bas-reliefs du musée de la Porte Dorée, cet ancien palais des Colonies que Jack Lang rêvait de détruire. On imagine l’œuvre de Laprade réduite en poussière, les sculptures de Janniot, qui voulait « illustrer la richesse des colonies », transformées en gravillon pour remblai. Horreur et putréfaction !
Une certitude : les crétins sont à l’œuvre. D’abord ceux de la « Dissidence française » qui ont lâché des tracts et tagué leurs slogans pour ras de plafond – « Dehors les étrangers », « En finir avec tout ça », « Le multiculturalisme est un échec » – sur le bâtiment. Un groupuscule jusqu’ici inconnu et qui, espérons-le, le sera encore demain ; assurément une bandes d’abrutis dont la philosophie affichée, si j’en crois leur page Facebook, est « Pour la libération de la France du capitalisme, du mondialisme, de la modernité ». Ah ben oui. Et aussi militants pour le retour de la voiture à cheval, de la lampe à pétrole, du boulier, du sémaphore et de l’Internet au gaz, sans doute ? Des fiers-à-bras qui ont revendiqué leur action d’éclat : « Nos militants parisiens ont organisé […] une opération éclair ciblant le musée de l’Immigration dans le cadre de notre campagne nationale pour la Remigration (sic) ! »
Mais, hélas, crétin aussi le grand Benjamin Stora et son inflation langagière lorsqu’il déclare : « Ce qui se passe en ce moment en France, cela ne va pas pour moi. Il y a une montée des extrêmes, une montée du Front national. Le musée a été vandalisé deux fois cette semaine. »
Cher Monsieur Stora, ce lundi s’est ouverte la Semaine de la langue française et de la francophonie. Certes, une occasion pour les Vallaud-Belkacem et consorts de nous offrir quelques bouffonneries, comme cette annonce d’une prochaine « évaluation » des petits élèves de CE2, car notre pétulante ministre s’est aperçue depuis le 11 janvier (c’est elle qui l’a dit sur RTL) que « les résultats des petits Français en lecture et en écriture ne sont pas bons et n’ont cessé de se dégrader ces dernières années ». Quelle découverte !
Il a donc fallu que nous soyons tous Charlie pour faire ce constat ! Bref, ce que les 20 % d’illettrés recensés dans le secondaire n’avaient pas pu faire, les frères Kouachi l’auront réussi. Bravo, Najat !
Et puisqu’on prétend instruire les petits enfants en leur apprenant – enfin ! – les rudiments de notre belle langue, peut-être serait-il temps de se souvenir aussi que les mots ont un sens. Ainsi le mot vandalisme, apparu au XIIIe siècle, désigne la « destruction ou détérioration d’œuvres d’art ». Pas le lâcher de tracts, aussi débiles soient-ils. Il dérive des Vandales, mot du XIIIe siècle également, tiré du nom du peuple germain (les Vandales) qui ravagèrent l’Empire romain. Il signifie « destructeur sauvage ».
Alors, Monsieur Stora, ne cédez pas à la « Vallsitude » ambiante. Cessez d’employer à tort et à travers le vocabulaire guerrier de la reductio ad Hitlerum, même si c’est pour impressionner… Méfiez-vous, vous allez encore faire trembler le Premier ministre !