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LE FIGARO.- Les départementales sont-elles comme le dit le slogan de l’UMP une occasion de mettre un « carton rouge » au gouvernement ?
François FILLON.- Ces élections sont d’abord l’occasion pour les Français de choisir des femmes et des hommes qui portent les valeurs de liberté et de responsabilité de la droite et du centre pour diriger les départements. L’enjeu, c’est la baisse de la fiscalité locale, qui a explosé ces dernières années, c’est la réduction de la dépense publique, qui grève l’avenir de notre pays, et c’est la justice sociale contre l’assistanat. Mais ce sera aussi, bien sûr, l’occasion pour les Français de redire à François Hollande et au gouvernement leur opposition à une politique qui conduit la France à un désastre économique et social et à une profonde division nationale.
Manuel Valls a-t-il raison de ne pas lier son sort au résultat du PS ?
Nous avons des institutions et des échéances que je respecte. Le sort de Manuel Valls est entre les mains de François Hollande et de la majorité à l’Assemblée nationale. Mais sa campagne hystérique, destinée à cliver et à faire monter le vote extrémiste pour tenter de sauver quelques présidences de département, l’expose à une sévère sanction populaire.
Un premier ministre peut-il conserver une capacité de réforme si sa majorité est désavouée dans les urnes ?
Il y a déjà longtemps que ce gouvernement n’a plus la capacité de réformer notre pays ! Souvenez-vous du big bang fiscal promis par Jean-Marc Ayrault, qui se traduit à l’arrivée par 80 milliards de prélèvements supplémentaires. De la refondation de l’école, qui a débouché sur une modeste et controversée réforme des rythmes scolaires, ou bien encore, des promesses de réduire les déficits à 3%, de suspendre les seuils sociaux, de revoir l’indemnisation du chômage…Ce gouvernement est désormais impuissant, et condamné à faire de la communication, comme avec la loi Macron.
Des parlementaires UMP et UDI étaient prêts à voter pour. Les Français peuvent-ils comprendre que vous vous opposiez à une loi dont vous reconnaissez qu’elle va dans le bon sens ?
Moi j’étais prêt à la voter si mes amendements sur la suspension des seuils sociaux ou sur la transformation des accords défensifs d’aménagement du temps de travail en accords offensifs, avaient été acceptés. Ils n’ont même pas été discutés ! Si nous avions donné notre aval à la loi Macron telle qu’elle est, le message reçu par les Français aurait été que le gouvernement gère bien notre pays. Là, pour le coup, il y aurait eu une incompréhension.
Que dîtes-vous aux électeurs tentés par le vote FN dimanche ?
Le seul résultat de ce vote serait de sauver quelques départements pour la gauche et de brouiller les perspectives d’alternance qui constituent le seul espoir de redressement national. Voter pour le programme du FN, c’est saboter l’avenir de la jeunesse française : la retraite à 60 ans provoquerait l’explosion des charges sociales et l’augmentation du Smic celle du chômage. Les dépenses publiques augmenteraient, c’en serait fini de la PAC et la sortie de l’euro nous condamnerait à un sort comparable à celui de la Grèce.
Etes-vous d’accord avec Nicolas Sarkozy quand il dénonce le « FNPS » ?
Nicolas Sarkozy a raison de dire que le PS se sert du FN pour essayer d’affaiblir la droite, mais je n’aime pas les slogans. Ils sont toujours réducteurs.
Si le FN arrive en tête, ce sera une défaite pour Nicolas Sarkozy ?
Le FN ne sera pas en tête et si par malheur c’était le cas, ce serait une défaite pour François Hollande, pour la gauche et pour la France. Mais je ne crois même pas que le FN remportera un département.
Le président de l’UMP exprime-t-il la position de l’UMP quand il se prononce pour l’interdiction du voile à l’université et pour les repas de « substitution » dans les cantines ?
La question du voile à l’université mérite d’être sérieusement débattue. J’ai proposé, jusqu’à présent en vain, qu’une commission parlementaire s’en saisisse. En 2003, j’ai été le premier et l’un des rares ministres du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin à prendre position pour l’interdiction du voile à l’école au nom de la lutte contre la discrimination des femmes et pour protéger la liberté de choix des mineures. L’université accueille des adultes et a toujours été un espace de liberté. On ne peut pas traiter la question des choix religieux de millions de citoyens français d’un revers de main. La laïcité doit protéger la liberté de conscience, pas l’opprimer.
Le vote obligatoire peut-il être un moyen de faire reculer le FN ?
Non. Le vote FN ne reculera pas par une contrainte législative, mais grâce à une politique de changement claire, fermement exécutée, et des comportements personnels exemplaires.
