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Ces attentats interviennent au lendemain de violents combats dans la ville d'Aden, qui ont opposé les partisans du président yéménite à des unités des forces spéciales, dirigées par un officier rebelle allié aux houthistes.

Une cinquantaine de personnes – 46 selon Reuters, 55 selon l’AFP – ont péri et plusieurs dizaines ont été blessées – 200 selon l’AFP, 100 selon AP – vendredi dans trois attentats-suicides visant des mosquées chiites de la capitale yéménite, tenue par les miliciens houthistes.

Une bombe a explosé dans un premier temps dans la mosquée Badr, dans le sud de Sanaa, puis une autre à l’entrée de cet édifice au moment où les fidèles prenaient la fuite. Le troisième attentat-suicide a visé la mosquée Al-Hashahush, dans le nord de la capitale, toujours au moment de la grande prière du vendredi. Un premier bilan s’établissait à 30 morts.

Sur les lieux, des corps déchiquetés et ensanglantés étaient transportés sur des brancards. Des traces de sangs étaient visibles sur le sol jonché de débris. La télévision Al-Massira, contrôlée par les houthistes, a affirmé que les hôpitaux de la capitale réclamaient en urgence des dons de sang. Ces attentats sont les plus meurtriers depuis l’explosion d’une voiture piégée devant l’académie de police de Sanaa, qui avait fait 37 morts et 66 blessés le 7 janvier, alors que la capitale n’était pas encore totalement aux mains des Houthis.

MULTIPLICATION DES GROUPES MILITARO-RELIGIEUX

Les violences dans la capitale interviennent au moment où le Yémen s’enfonce dans la crise, qui devient très complexe avec la multiplication des groupes militaro-religieux. Ces attentats surviennent au lendemain d’âpres combats dans la deuxième ville du pays, Aden, qui ont opposé les partisans du président yéménite à des unités des forces spéciales, dirigées par un officier rebelle allié aux houthistes. Le général Sakkaf, qui refuse un ordre de limogeage de M. Hadi, est à la tête d’une unité des forces spéciales comptant 1 000 à 2 000 hommes, lourdement armés. Le président du Yémen a été évacué jeudi vers un lieu sûr après le survol à deux reprises par un avion de combat du palais d’Aden où il s’était réfugié en février.

La situation était calme vendredi à Aden où les forces loyales au président Hadi ont renforcé leur contrôle, en multipliant les barrages routiers, selon des correspondants de l’AFP.

RISQUE DE GUERRE CIVILE

Le pays s’est retrouvé pratiquement divisé depuis que le président Abd Rabbo Mansour Hadi s’est installé à Aden, après avoir réussi à fuir Sanaa où il était assigné à résidence par la milice chiite. M. Hadi, qui avait été poussé à la démission le 22 janvier en même temps que le gouvernement de Khaled Bahah sous la pression des Houthis, est toujours considéré par la communauté internationale comme le président légitime du Yémen.

Le mouvement Ansaruallah, autre nom pour les Houthis, qui est soupçonné d’avoir le soutien de l’Iran, a déferlé en septembre 2014 à Sanaa puis étendu son influence vers l’ouest et le centre du Yémen. S’il a rencontré peu de résistance de la part des forces gouvernementales, il en est tout autre avec Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA) qui a revendiqué depuis septembre de nombreux attentats contre les Houthis. AQPA est considéré comme la branche la plus dangereuse d’Al-Qaida.
Les espoirs suscités par l’ouverture d’un dialogue destiné à sortir le Yémen de la crise, parrainé par l’ONU, sont quasiment morts et les observateurs évoquent un sérieux risque de guerre civile.

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