D’abord, le « parti » victorieux est celui des abstentionnistes, ce qu’aucun politicien ne veut reconnaître pleinement. 48,7% des électeurs ne sont pas allés voter. Cela montre que la démocratie ne se porte pas très bien en France (comme en Europe occidentale en général) comme on le sait par ailleurs. Les travaux des sociologues PierreBréchon et Jean-François Tchernia montrent que les Français donnent la note 3,9 sur 10 au régime dans son fonctionnement actuel. Il ne faut pas en déduire que les Français rejettent la démocratie mais qu’ils sont conscients que la façade démocratique recouvre une réalité oligarchique. Les élitesatlantistes, hostiles aux traditions chrétiennes et patriotiques sont de plus en plus coupées du peuple. Les partis politiques sont d’ailleurs les institutions les moins aimées des Français (18% ont une bonne image des partis contre 80% pour l’armée ou le système médical parexemple).

Les résultats montrent par ailleurs la victoire del’UMP et de ses alliés conduits par NicolasSarkozy avec 36% des voix (dont 29 pourl’UMP). La gauche ne fait que 28,5% et le Parti Socialiste tout seul a moins de voix que le Front National (26%).Au-delà des résultats partisans, il faut voir que la bataille des idées est interne à chaque formation politique. A l’UMP, la tendance de rassemblement patriotique et de défense des valeurs traditionnelles incarnée par Nicolas Sarkozy semble l’emporter sur la tendance atlantiste et centriste représentée par Alain Juppé. A gauche, les socialistes atlantistes et sociaux-démocrates dominent mais sont contestés ouvertement par une gauche pus dure dont une fraction défend une politique étrangère souverainiste. Au Front National, un conflit feutré mais réel oppose les défenseurs des valeurs traditionnelles et chrétiennes, comme Marion Le Pen ou Aymeric Chauprade, aux tendances issues de mai 68 laxistes sur le plan des mœurs et dirigistes sur le plan économique (Marine Le Pen et Florian Philippot).

Si les états-majors restent presque partout divisés, les électeurs se tournent de plus en plus vers les valeurs conservatrices, patriotes et chrétiennes, à l’image de ce qui se passe en Russie, qui a, elle, une longueur d’avance sur l’Occident dans ce domaine. Il faudra examiner de plus près la répartition des électeurs par strate d’âge. Mais la tendance semble assez nette: les valeurs révolutionnaires d’autrefois sont démonétisées au profit du retour à la tradition. Cela peut avoir un jour des conséquences favorables à la formation d’une grande Europe de Lisbonne jusqu’à Vladivostok!