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Crash d’un Airbus A320Aucune hypothèse n’est à exclure pour le commandant Jean-Daniel Gerhard, pilote de ligne chez Swissair puis chez Swiss.
Pour le commandant Jean-Daniel Gerhard, pilote de ligne chez Swissair puis chez Swiss, le crash de l’A320 de Germanwings soulève de nombreuses questions. Aucune hypothèse n’est à exclure selon ce professionnel qui reste interpellé par l’apparente inaction de ses collègues durant les huit minutes qui ont précédé la collision avec la montagne.
Comment peut-on expliquer la chute de l’appareil?
Descendre de 3000 pieds par minute, ce n’est pas une chute. C’est une descente rapide. On sait qu’elle a duré huit minutes. Normalement cela aurait dû laisser le temps aux pilotes pour aviser le contrôle aérien. C’est ce qui est bizarre dans cet accident, c’est qu’à aucun moment ils n’ont annoncé à la radio qu’ils faisaient face à une situation d’urgence.
Qu’est-ce qui peut expliquer ce silence?
A ce stade, toutes les hypothèses sont possibles. On peut imaginer qu’une personne étrangère se soit introduite dans le cockpit pour les empêcher de communiquer avec le sol. Un problème technique n’est pas non plus à exclure. Les deux boîtes noires devraient permettre de lever le mystère.
Et l’hypothèse d’une dépressurisation?
Lorsqu’il y a dépressurisation, la procédure est assez claire. On a une check-list à suivre. Elle prévoit d’ailleurs de faire descendre l’avion bien plus rapidement. Dans le cas présent, ils auraient dû faire demi-tour et se positionner dans une zone moins dangereuse et sans relief.
Peut-on imaginer que les pilotes aient eux-mêmes perdu connaissance?
En cas de dépressurisation, on a 30 secondes pour mettre les masques à oxygène avant de s’évanouir. Il y a eu le cas du vol Helios Airways 522 en 2005 où à la suite d’une fausse manipulation l’équipage n’a pas eu le temps de s’équiper. L’avion a volé jusqu’à ce que ses réservoirs soient vides puis il s’est écrasé. Dans notre cas, une perte de conscience des pilotes n’explique pas la descente de l’appareil. Ce mouvement nécessite une action de l’homme. S’ils s’étaient évanouis, l’Airbus aurait poursuivi son vol en fonction des données entrées dans l’ordinateur de bord.
L’appareil a-t-il pu prendre le dessus sur l’homme?
C’est pratiquement impossible. On a toujours la possibilité de repasser en mode manuel. (TDG)