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Marie-Christine Corbier 
  • L'éducation nationale rencontre problème territoires disciplines recrutement professeurs.

    L’éducation nationale rencontre un problème de territoires et de disciplines dans le recrutement des professeurs. – JEFF PACHOUD /AFP

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    Les enseignants boudent l’Ile-de-France et les maths

  • Les enseignants boudent l’Ile-de-France maths

    Les enseignants boudent l’Ile-de-France et les maths

 Les académies de Créteil et Versailles n’attirent plus, selon le dernier « Bilan social » du ministère de l’Education nationale. Seuls deux tiers des postes en maths sont pourvus.

Faut-il encore parler de crise du recrutement dans l’Education nationale ? Le nombre d’admis aux concours progresse, selon le dernier « Bilan social » du ministère, une publication annuelle que « Les Echos » se sont procurée (voir document ci-dessous). Sur la base des concours de la session 2013, le rapport évoque une augmentation « de plus de 60 % » d’admis pour les enseignants du premier degré public. Mais il avance aussi le chiffre de 300 postes non pourvus. « Principalement dans l’académie de Créteil », relève Catherine Moisan, chargée de la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance au ministère de l’Education nationale. « On peut avoir le sentiment qu’on ne pourvoit pas tous les postes, mais la réalité est qu’on a plus d’admis aux concours que les années précédentes, poursuit-elle. On ne peut donc pas parler de crise de recrutement qui signifierait que le métier n’est plus attractif. En revanche, on a un problème de territoires et de disciplines. » Avec, en fait, deux maillons faibles. L’un est territorial, dans le premier degré. L’autre est disciplinaire, dans le second degré.

Les académies de Créteil et Versailles

Le problème territorial concerne l’Ile-de-France. Les deux grosses académies de Créteil et de Versailles n’attirent plus les enseignants, alors même que le nombre d’élèves y augmente. La Seine-Saint-Denis accueille 2.000 nouveaux élèves chaque année, imposant le recours à des centaines de contractuels. Les volontaires manquent pour aller enseigner dans le 93. Le problème de recrutement dans le premier degré est circonscrit à « quelques académies », souligne le rapport, qui précise qu’à Créteil, 16 % des postes sont restés vacants. A Versailles, les candidatures sont peu nombreuses (1,5 candidat par poste) mais l’académie parvient à pourvoir quasiment tous ses postes.

Le problème de l’Ile-de-France se mesure aussi à l’aune des vœux de mutation des enseignants. Dans le premier degré public, la Seine-Saint-Denis compte 330 demandes de mutation pour une demande d’entrée ! Dans le second degré, le ratio était, l’an dernier, de 279 demandes de sorties pour une demande d’entrée. Derrière la Seine-Saint-Denis, on trouve les Ardennes, mais loin derrière puisque ce même ratio est de 14,7. A l’opposé, les Pyrénées-Atlantiques, les Hautes-Alpes et le Puy-de-Dôme sont les territoires les plus attractifs.

Certaines disciplines n’attirent pas assez

Pour réamorcer la pompe du recrutement de professeurs des écoles en Seine-Saint-Denis, le ministère a annoncé le 4 mars un concours exceptionnel offrant 500 postes à la rentrée prochaine dans l’académie de Créteil. Plus de 11.000 étudiants se sont inscrits, alors que le ministère en attendait un millier. Les candidats, qui jusqu’ici ne pouvaient se présenter que dans une seule académie lors des concours ordinaires, pourront en effet se présenter aussi à ce concours exceptionnel.

Dans le secondaire, l’augmentation du nombre de candidats aux concours externes « se confirme », selon le ministère. Mais certaines disciplines n’attirent pas assez. Comme les mathématiques, qui affichent le plus faible taux de couverture (nombre d’admis par rapport au nombre de postes) au Capes, soit 68,5 %. A titre de comparaison, c’est 100 % en histoire-géographie ou en espagnol. Les besoins sont d’autant plus problématiques en maths que les enseignants sont âgés. Ce manque d’attractivité n’est toutefois pas nouveau. Les mathématiques en ont déjà « particulièrement souffert » entre 1987 et 1996, soulignait une étude du ministère en juin dernier. « Le nombre de candidats s’adapte à l’évolution du nombre de postes », ajoutait l’étude, mais avec trois ou quatre ans de retard.

Le problème est dans une gestion des ressources humaines par à-coups, souligne un expert : «  On passe de périodes de malthusianisme à des périodes de recrutement à tout-va. Ce qui provoque des déséquilibres dans la pyramide des âges et complique ensuite de nouveau les besoins de recrutement. »

http://www.lesechos.fr