Étiquettes
Benyamin Netanyahou, DAECH, discret soutien, Nicolas Gauthier

À quoi joue Benyamin Netanyahou, Premier ministre israélien ? C’est un peu la question qui se pose dans toutes les chancelleries du monde entier. En effet, avec le rapprochement irano-américain, Tel Aviv a enfin l’occasion d’installer une paix durable dans la région, sachant que même si l’Arabie saoudite est un allié conjoncturel, l’Iran est avant tout allié structurel, ne serait-ce que pour prendre l’ennemi arabe commun à revers. Ce qui n’empêche pas, évidemment, une vilaine affaire d’écoutes téléphoniques, à l’occasion de laquelle Washington n’en finit pas de décolérer, puisqu’en permanence écoutée par son « allié » israélien, en pleine négociation avec Téhéran
Benyamin Netanyahou, donc, fait un forcing des plus grossiers aux USA, aidé en cela par ce que la droite américaine peut fournir de plus nigaud en matière de géopolitique. Sus à l’Iran ! À son éventuelle arme atomique, à l’évidence. Mais qui ne pèsera, en admettant qu’elle l’ait un jour face aux centaines d’ogives nucléaires que possède l’État hébreu, que très peu.
Dans les cercles de pouvoir de Téhéran, cela se sait. Et autant, à Washington : si les lobbies pro-israéliens et leurs alliés républicains, ambiance Christians for Israël, freinent des quatre fers, d’autres en Iran voient d’un fort mauvais œil ce possible et futur rapprochement.
Dans le même temps, Daech… Mouvement un temps initié et encouragé par l’infernal triumvirat américano-israélo-saoudien, à en croire le général Wesley Clark, ancien commandant en chef de l’OTAN, lequel assure que l’actuel chaos ravageant ce proche voisin qu’est l’Orient fut de longue date programmé dans de parallèles officines de la Maison-Blanche.
Toujours dans le registre des rumeurs faisant finalement office de réalité : le discret soutien israélien aux assassins de Daech.
L’affaire fut d’abord révélée par le site Internet Irib, la radio iranienne francophone. Affaire que Boulevard Voltaire tint un temps sous le coude, avant que le très sérieux Wall Street Journal ne la rende officielle, quelques jours avant que L’Obs de cette semaine y rajoute un surplus de vernis : « Un responsable militaire israélien, resté anonyme, a précisé, au sujet de la prise en charge médicale des combattants d’Al-Qaïda : “Nous ne les contrôlons pas, ni leur demandons qui ils sont. Une fois le traitement terminé, nous les reconduisons à la frontière et ils continuent leur chemin [en Syrie]”. Un autre responsable militaire, lui aussi resté anonyme, a ajouté au journal qu’il y a un “accord” entre les forces israéliennes et les combattants d’Al-Qaïda, là-bas, ainsi qu’une “familiarité des forces d’Al-Qaïda, sur le terrain”. Selon les populaires théories du complot, Al-Qaïda et l’État islamique (aussi connu comme ISIS ou EI) ont été créés par les services de renseignement israéliens et/ou américains. Bien qu’aucune preuve n’étaye cette hypothèse, il est, sans doute, vrai que l’invasion de l’Irak, conduite par les USA et la Grande-Bretagne en 2003, et le régime d’occupation, volontairement sectaire, qui s’en est suivi, ont créé les conditions optimales dans lesquelles Al-Qaïda, en Irak (devenue plus tard EI), s’est formée et a bien prospéré. »
Pour improbable que paraisse l’affaire, il est à noter qu’elle est désormais « officialisée » par la presse « officielle » : revue de presse de Natacha Polony ce jeudi matin sur Europe 1, qui cite quatre pages de L’Obs du jour, consacrées à ce sujet qu’on qualifiera de brûlant ou d’incongru.
En matière de politique étrangère, deux périls menacent. La pusillanimité la plus crasse ; la France est, depuis, orfèvre en la matière. Et le fait de ne pas être à la hauteur des enjeux. Et là, force est d’avouer que Benyamin Netanyahou est un champion hors normes. N’est pas Yitzhak Rabin qui veut…