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Commerce de détail. Les chiffres montrent peu d’écart entre les zones frontalières et le centre de la Suisse.
Pour le commerce de détail, février a été un mauvais mois. Mars s’annonce très mauvais. En cause, le franc fort, bien sûr. Les chiffres, calamiteux, montrent peu d’écart entre les zones frontalières et les zones au centre de la Suisse. En revanche, les commerces situés au-delà de la frontière ont connu une hausse de 50% de leur chiffre d’affaires les week-ends. Ces faits, énoncés par Pierre Brunschwig, l’un des patrons du Bon Génie, lors du dernier Petit déjeuner du commerce, sont clairs. Les commerçants ont déjà dû adapter leurs marges et leur manière de fonctionner en 2011, lorsque le franc suisse est passé de 1,65 à 1,20 face à l’euro. Quatre ans plus tard, la Banque nationale suisse abandonne le maintien du taux plancher et le franc suisse se renforce, atteignant immédiatement la parité avec l’euro. La sanction ne se fait pas attendre pour les commerçants, qui voient leurs clients se fournir sous d’autres cieux, plus cléments, qu’ils se trouvent à l’étranger ou dans des sphères numériques. Alors, que faire?
Bien sûr, il faut mieux négocier les achats avec les fournisseurs et travailler sur les marges; bien sûr, il faut soigner l’accueil à la clientèle; bien sûr, il faut penser multicanal, être innovant et créatif. Mais surtout, il faut des horaires d’ouverture souples. Dans de nombreux cantons, les horaires d’ouverture des magasins sont libres, ce qui ne signifie pas pour autant qu’ils sont ouverts jour et nuit. Un commerce n’a pas d’intérêt à rester ouvert s’il n’y a pas de clientèle. Tout comme il aurait un intérêt certain à proposer une heure de plus le samedi en fin de journée – à un moment où les clients sont encore dans les magasins – et, pourquoi pas, quelques dimanches par an. Il en va de la survie des commerces et des emplois. A Genève, le commerce représente 20.000 postes dans la vente, 25.000 si on y ajoute les personnes employées dans des fonctions administratives. Fabienne Gautier, présidente de la Fédération du Commerce Genevois rappelle ces chiffres lors de cette même conférence, ajoutant que le tourisme d’achat représentait 8,9 milliards de francs suisses en 2012, plus de dix milliards en 2013 et environ treize milliards en 2014.
L’enjeu est de taille. Il y a l’aspect de l’attrait touristique. Tous autant que nous sommes, nous trouvons parfaitement normal, lorsque nous passons un week-end ailleurs, d’y trouver les commerces ouverts, tout du moins dans le centre touristique. A Genève, quand on voit errer certains visiteurs dans nos rues vides le dimanche, on ne peut que les plaindre et s’interroger sur l’image que cela donne de notre ville. L’animation du centre-ville ne doit pas uniquement passer par une ouverture des magasins, mais c’est une manière simple d’en créer. D’un point de vue économique, il va de soi que proposer une ouverture dominicale des commerces à certains moments de l’année fait sens, comme par exemple pendant la période de l’Avent.
La libéralisation des horaires d’ouverture des commerces est curieusement un enjeu politique à Genève, déchaînant les passions sur fond de véritable clivage gauche-droite, alors qu’il est géré de manière purement factuelle dans la plupart des autres agglomérations de Suisse. Cessons la Genferei et faisons preuve de bon sens et de souplesse.
* FER Genève