Étiquettes
Que faire face à l’effondrement d’un Etat ? La guerre ou le dialogue ? Comme la Libye, le Yémen est secoué par de graves convulsions. Tout dialogue politique entre fractions rivales a échoué. Hier, l’Arabie saoudite, à la tête d’une coalition de pays arabes, a choisi l’intervention militaire. L’objectif, avec la bénédiction des Etats-Unis ou encore de la France, est double : venir au secours du président yéménite, Abd Rabo Mansour Hadi (qui a déjà dû abandonner la capitale), et stabiliser le pays. Il est vrai que ce qui fut dans l’Antiquité l’Arabie heureuse est le théâtre de multiples conflits enchevêtrés : une guerre menée par les milices chiites de la famille Houthi, qui se sont emparées de Sanaa, une autre conduite par les fidèles de l’Etat islamique, rivaux dans ce pays d’Al Qaida dans la péninsule Arabique (Aqpa), et d’autres groupes encore. Mais ces conflits ne sont pas qu’internes. Ils menacent à tout moment de prendre une dimension régionale, voire internationale. Non seulement le Yémen, qui contrôle l’entrée de la mer Rouge, donc l’accès au canal de Suez, peut devenir un sanctuaire pour des attaques contre l’Arabie, l’Egypte ou ailleurs. Aqpa n’a-t-il pas revendiqué l’attentat contre « Charlie Hebdo » ? Mais, en plus, derrière le conflit, se profile une autre guerre, par procuration celle-là, entre les deux grands rivaux du Golfe, l’Arabie saoudite et l’Iran, qui soutient les Houtis. Même si Téhéran a d’autres préoccupations, comme la lutte contre Daech en Irak et en Syrie ou la levée des sanctions, et si, pour compliquer le jeu, les Houtis chiites sont proches de l’autre président déchu en 2012, Ali Abdallah Saleh, le prétexte du « péril iranien » est suffisant pour Riyad. Plus que jamais, la situation est explosive. Et l’intervention militaire ne peut se substituer à la réouverture d’un dialogue national au Yémen. Mais la voie est étroite.