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Tribune signée cette semaine dans l’hebdomadaire Le Point

« Dans le drame de la guerre, il a été le plus grand » disait le Général de Gaulle. Pourrait-on croire pour autant que Winston Churchill ne fut qu’un homme de courage porté par des circonstances exceptionnelles qui firent de lui cet acteur et ce témoin capital de l’histoire ?

Winston Churchill se révéla certes par les circonstances de la guerre mais sa vie entière témoigne d’un caractère et d’un génie exceptionnel.

Recalé deux fois à Sandhurst, il s’oblige au prix d’efforts considérables à réussir cet examen tant désiré par son père.

Battu à la chambre des communes, il retentât l’aventure immédiatement après pour l’emporter.

Calomnié lors de l’affaire des Dardanelles dont on a voulu lui faire porter la responsabilité, il n’aura de cesse de se battre pour faire triompher son innocence.

Visionnaire sur le rôle de l’aviation, sur celui des chars de combat dès la première guerre mondiale, sur le poids et l’impact de l’arme atomique, il appréhenda les difficultés qui seront celles de générations futures et la nécessité de la réforme.

Oui Churchill, réformateur ! C’est en 1925 que le chancelier de l’échiquier révèle sa véritable nature. En charge du budget de l’Etat, obsédé par la grandeur de l’empire britannique, il n’a d’autre objectif que de lui redonner son aura et de le placer au firmament des nations européennes. Il prône le retour de l’étalonnage de la livre sterling à l’or, prestige à nul autre pareil, mais au prix d’efforts considérables sur la compétitivité de l’économie outre manche. La même année, il réduit de 10% de l’impôt sur le revenu des plus défavorisés comme celui des producteurs de richesse, abaisse la retraite à 65 ans, étend les bénéficiaires de la sécurité sociale et lance, entre autres, un programme national de logements sociaux. Sa politique économique était ambitieuse, mais visait tout autant la justice et l’équité des efforts. Elle sera finalement couronnée de succès.

Dans ses mémoires de guerre, Churchill relativisait d’ailleurs sa sortie de 1940. Oui, « du sang, du labeur, de la sueur et des larmes », mais il rappelait que ces affres de l’effort absolu ne peuvent exister « sans l’aiguillon ou les nécessités de la guerre et du péril mortel ». Les efforts incommensurables d’une Nation ne le sont qu’à la lumière de faits de l’histoire dont chacun peut souhaiter qu’ils ne se reproduisent jamais.

Amoureux de l’Histoire, j’honore l’homme de guerre qui sut se mettre à la disposition de son siècle et reste impressionné par le Churchill de 1925 qui su construire à travers un budget une ambition pour son pays, à laquelle il a su s’abandonner et qui ne l’a jamais quittée.

Oui, Churchill réformateur !