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Extrait de l’entrevue avec le ministre Jason Kenney

Le ministre de la Défense nationale, Jason Kenney, estime que l’expansion vers la Syrie de la mission en Irak n’ouvre pas la porte à une intervention dans d’autres pays aux prises avec des islamistes.

Un texte de Mylène Crête

Dans une entrevue accordée aux Coulisses du pouvoir, Jason Kenney affirme que des groupes terroristes qui se réclament du groupe armé État islamique (EI) tels que Boko Haram au Nigeria et Abou Sayyaf aux Philippines n’ont pas les mêmes moyens de se déployer.

« Ces organismes-là n’ont pas les mêmes capacités que l’EI. Ils n’ont pas menacé le Canada. Ils n’ont pas la capacité d’un État. L’EI était presque au point l’automne dernier de former quasiment un État qui pouvait poser une menace au Canada. Ça, c’est la différence. »

Le premier ministre Stephen Harper a déposé une motion à la Chambre des communes mardi pour prolonger la mission en Irak de 12 mois et l’étendre à la Syrie. L’objectif du gouvernement est d’affaiblir l’EI afin qu’il ne pose plus de menace à la sécurité internationale. Le vote des parlementaires est prévu lundi. Les deux partis d’opposition ont déjà indiqué qu’ils n’appuieraient pas cette motion.

« Nous avons l’intention de nous joindre à d’autres alliés contre l’EI là où il peut poser une menace à la sécurité internationale et à celle du Canada. » — Jason Kenney, ministre de la Défense nationale

Une soixantaine de pays participent à la coalition menée par les États-Unis pour contrer l’EI. Depuis octobre, 625 militaires canadiens sont déployés en Irak pour effectuer des frappes aériennes. De ce nombre, 69 font partie des forces spéciales dont le mandat est de former des combattants kurdes dans le nord du pays. L’un d’entre eux a perdu la vie au début du mois après avoir été atteint par des tirs amis.

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, a déjà soulevé un doute sur le rôle des Forces canadiennes en Irak dont des soldats se sont parfois trouvés près de la ligne de front pour identifier des cibles. Le gouvernement maintient qu’ils ne sont pas impliqués dans des combats au sol.

« Nous n’avons aucune intention de le faire et, franchement, je crois que ça serait imprudent, affirme Jason Kenney. On ne veut pas se mêler dans des combats terrestres dans une région aussi dangereuse. On peut aider les Irakiens avec les frappes aériennes, avec la formation et l’aide humanitaire, point. »

Qu’arrivera-t-il après 12 mois?

Les conservateurs étant majoritaires au Parlement, la motion pour prolonger la mission jusqu’au 30 mars 2016 sera adoptée. Toutefois, un flou demeure sur ce qui arrivera ensuite. « On va évaluer la situation dans un an, précise Jason Kenney. C’est bien possible qu’un gouvernement décide de poursuivre la mission. » Entre-temps, les Canadiens devront aller aux urnes le 19 octobre. Le résultat de l’élection pourrait changer la donne.

Le ministre reconnaît néanmoins que d’autres formes d’appuis seront nécessaires si l’objectif de la mission est atteint. « Si les Irakiens réussissent à se débarrasser de l’EI, ils auront besoin d’une aide de la communauté internationale pour la reconstruction, d’aide humanitaire et de formation militaire », dit-il.

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