Étiquettes

,

Nucléaire iranien : Plus rien ne semblait vraiment faire obstacle, dimanche soir, à la signature d’un accord entre l’Iran et les membres du G5 +1.

A la table des négociations, on reconnaît notamment Frank Walter Steinmeier (2e depuis la gauche), ministre allemand des Affaires étrangères, John Kerry (au centre), secrétaire d’Etat américain, et Laurent Fabius (3e depuis la droite), ministre français des Affaires étrangères.

A la table des négociations, on reconnaît notamment Frank Walter Steinmeier (2e depuis la gauche), ministre allemand des Affaires étrangères, John Kerry (au centre), secrétaire d’Etat américain, et Laurent Fabius (3e depuis la droite), ministre français des Affaires étrangères. Image: BRENDAN SMIALOWSKI/Reuters

Par Alain Jourdan

Sauf surprise, l’accord sur le programme nucléaire iranien en discussion à Lausanne depuis jeudi entre John Kerry et Javad Zarif devrait être signé dans les prochaines heures, des compromis sur des «questions clefs» ayant été trouvés. Signe que tout s’accélère, le secrétaire d’Etat américain John Kerry, le Français Laurent Fabius et l’Allemand Frank Walter Steinmeier ont bousculé leur agenda pour prolonger leur séjour sur les bords du Léman. Ils ont été rejoints par le Chinois Wang Yi, le Britannique Philip Hammond et le Russe Serguei Lavrov. Les négociateurs ont jusqu’à mardi pour signer le texte qui doit préfigurer l’accord global attendu au plus tard le 1er juillet 2015.

Axe Iran-Lausanne-Yemen

L’imminence d’une annonce a déclenché l’ire du premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. «L’accord négocié à Lausanne est dangereux pour toute l’humanité. Il doit être stoppé», a-t-il prévenu avant de dénoncer «l’axe Iran-Lausanne-Yemen», en référence aux actions des chiites soutenus par l’Iran pour renverser le président yéménite.

Les détails du texte en gestation n’ont pas filtré. Il n’est pas sûr qu’il soit rendu public. A son arrivée, Laurent Fabius, le plus réticent, en a rappelé les contours en déclarant qu’il deva être «robuste». Derrière cette formule se cache l’exigence maintes fois réitérée de voir l’Iran renoncer à tout programme nucléaire militaire. Concrètement, cela veut dire une réduction du nombre de centrifugeuses qui passerait de 19 000 à 6000, voire moins de 6000, la réduction de son stock de combustible nucléaire, le renoncement à enrichir l’uranium au-delà du seuil de 5% et la possibilité de contrôler toutes les installations.

Des solutions techniques ouvrant la voie à des compromis ont été trouvées. Les membres du G5+1 (Chine, France, Grande-Bretagne, Russie, Etats-Unis et Allemagne) ont, notamment, proposé à l’Iran de lui fournir des isotopes médicaux pour enrichir son uranium à usage civil. L’un des derniers points d’accrochage concerne la filière «recherche et développement» et le réacteur à eau lourde d’Arak. Mais là encore, des solutions de compromis auraient été mises sur la table.

La question des sanctions

Tout au long des discussions, les Iraniens ont continué à se montrer plus intransigeants que jamais sur la levée immédiate et totale des sanctions. Demande à laquelle les membres du G5+1 n’ont pas accédé jusque-là, préférant une levée progressive pour pouvoir mettre à l’épreuve la bonne foi des dirigeants iraniens. Mais hier, plus rien ne semblait insurmontable. L’Iran aurait annoncé qu’elle est prête à accepter les conditions de restriction et de contrôle imposées à son programme nucléaire en échange d’une réduction de la période durant laquelle le pays devra rester soumis au contrôle de la communauté internationale. La période donnée jusque-là allait de dix à quinze ans. L’Iran souhaiterait abaisser le seuil à huit ans.

Dimanche en fin de journée, les problèmes semblaient se concentrer autour des modalités d’annonce de l’accord plutôt que sur son contenu. Les Iraniens ont fait savoir qu’ils préféraient une signature ou une annonce symbolique au siège de l’ONU à Genève plutôt qu’à l’Hôtel Beau Rivage où a été signé en 1923 le traité définissant les frontières du nouvel Etat turc. Une exigence qui n’est sans doute pas sans lien avec l’actualité. Depuis Lausanne où il négocie sur le dossier du nucléaire, Javad Zarif a eu des échanges aigres-doux avec le président turc Recp Tayyip Erdogan qui a accusé l’Iran de visées hégémoniques dans la région. Enfin, selon la RTS, le Learning Center de l’EPFL était bouclé dimanche soir par la police. Peut-être pour y accueillir une conférence de presse commune.

http://www.tdg.ch