Affaire Bygmalion: trois mises en examen

Étiquettes

, , , , ,

L’affaire Bygmalion s’emballe. Et commence à rattraper ses acteurs les plus politiques. Dans l’enquête sur ce vaste système de fausses factures dont les juges soupçonnent qu’il aurait été mis en œuvre pour camoufler les dépenses de campagne du candidat Sarkozy en 2012, trois hommes clés ont été mis en examen vendredi pour usage de faux, escroquerie, recel d’abus de confiance et complicité de financement illégal de campagne électorale.

 Il s’agit de l’actuel préfet de Lozère, Guillaume Lambert  (1), ex-directeur de campagne, du député Philippe Briand, ex-trésorier, et de l’avocat de l’UMP Philippe Blanchetier. Ils rejoignent trois ex-cadres du parti et quatre dirigeants de la société Bygmalion mis en examen en octobre. Pour poursuivre leur travail, les juges devront patienter ­jusqu’à la levée d’immunité parlementaire du député européen Jérôme Lavrilleux, pivot du dispositif, à la charnière entre l’UMP et l’équipe de campagne.

Ex-bras droit de Jean-François Copé et directeur adjoint de la campagne de Sarkozy, Lavrilleux a déjà publiquement avoué avoir eu connaissance de cette énorme fraude qui a permis de dépenser, en toute illégalité, 18,5 millions d’euros de frais de meetings au-delà du plafond autorisé de 22,5 millions d’euros. Le Parlement européen s’est saisi début mars de la demande de levée d’immunité. Les juges français pourraient devoir patienter encore plusieurs semaines avant d’entendre Lavrilleux sous le régime de la garde à vue et le confronter aux autres mis en cause qui nient farouchement tout financement illégal de campagne Sarkozy.

A droite, les spéculations vont bon train sur le calendrier d’une instruction qui rattrapera nécessairement, d’une manière ou d’une autre, le candidat de 2012. Si la justice progresse à son rythme habituel, il n’est pas exclu que l’affaire Bygmalion se retrouve devant les tribunaux fin 2016, au moment même où Sarkozy est censé défendre ses chances à la primaire qui désignera le candidat de la droite pour 2017.

Révélé par Libération en mai 2014, le scandale Bygmalion avait provoqué la chute de Copé et précipité le retour de Sarkozy en chef de parti. Son pari : mieux vaut être inquiété par la justice en tant que chef de l’opposition plutôt qu’en tant qu’ex-président déchu. Ainsi, les sarkozystes peuvent, sans retenue, crier à l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques.

(1) Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, va proposer au président de la République de mettre fin à ses fonctions de préfet a indiqué le ministère dans un communiqué.

Les commentaires sont fermés.