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Florian Philippot, Jean-Marie Le Pen, le maréchal Pétain, Rivarol
Par Nicolas Lebourg, Chercheur à l’Université de Perpignan Via Domitia et membre de l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean Jaurès, il a publié de nombreux travaux sur les extrêmes droite

Jean-Marie Le Pen ravive la polémique déclenchée jeudi dernier, par des propos explosifs recueillis par le journal d’extrême droite Rivarol. Le spécialiste du FN Nicolas Lebourg décrypte cet entretien controversé.
Sur le maréchal Pétain il minimise son passif et oublie ses crimes contre les citoyens français, mais surtout Jean-Marie Le Pen est constant quant à un principe qui remonte aux débuts du FN: on accepte ceux qui furent pour l’Axe comme pour les Alliés. Le FN devait d’ailleurs se constituer normalement avec Bidault, grand de la Résistance, mais eut plutôt des anciens Waffen SS ou de miliciens. Mais l’idée de Le Pen cela a toujours été qu’il fallait refermer la plaie.
S’agit-il d’une vraie prise de position politique, d’un règlement de compte familial ou d’une envie de faire parler de lui?
Le lien qu’il fait entre Florian Philippot, Jean-Pierre Chevènement et le marxisme est à l’évidence polémique mais il a le mérite d’exprimer une position partagée par une partie de la base. Ce n’est pas un hasard si Robert Ménard quand il se démarque du FN le fait non en parlant de différences sur les valeurs mais en se disant plus libéral économiquement. Les élections et enquêtes d’opinion montrent que les positions trop étatistes commencent à nuire à la recomposition des droites.
Que souligne le recours à un journal d’extrême droite pétainiste et antisémite pour cette interview?
Rivarol est un journal multi-condamné pour négationnisme, qui fut fondé avec force anciens collaborateurs. Jean-Marie Le Pen reprend implicitement, entre autres, les thèses du théoricien de l’extrême droite radicale Guillaume Faye quant à la nécessité de construire une Eurosibérie afin de sauver la race blanche. En somme, c’est une véritable collection de symboles fracassant les thèmes de la «dédiabolisation». Pour faire bonne mesure le président d’honneur va jusqu’à critiquer la démocratie, alors qu’en général il se limite à se dire «démocrate churchillien», c’est-à-dire critique et pragmatique.