VIDÉO – L’ex-maire de Tours devait comparaître ce mardi pour complicité de prise illégale d’intérêts dans l’affaire dite des «mariages chinois», des cérémonies fictives de groupe qu’il célébrait à la mairie.
Il devait comparaître le jour-même devant le tribunal de grande instance de Tours. L’ancien maire de la ville, Jean Germain, a été retrouvé mort mardi près de son domicile. «Selon les tout premiers éléments de l’enquête, il s’agirait d’un suicide», affirme une source policière à l’AFP. «Je sais le mal que je vais faire, la peine que je vais diffuser à ceux qui m’aiment mais on ne peut laisser la chasse systématique aux politiques se dérouler normalement, quotidiennement», écrit l’intéressé dans une lettre d’adieu laissée à son domicile. Jean Germain y dit vivre une situation «insupportable». Le sénateur PS, âgé de 67 ans, était considéré comme proche de François Hollande. «Je perds un ami. Il se trouve que nous étions très liés avec Jean Germain», a déclaré pour sa part le premier ministre, Manuel Valls, qui s’est dit bouleversé par la nouvelle.
La présidente du tribunal a annoncé le renvoi du procès «en raison de circonstances insurmontables». Jean Germain était poursuivi pour «complicité de prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics». Le dossier dit des «mariages chinois» tire son origine dans l’organisation entre 2007 et 2011 de «Noces romantiques en Touraine». Des simulacres de mariages à l’eau de rose qui comprenaient des visites de châteaux, ainsi que de la ville de Tours. Des dizaines de couples chinois sont ainsi venus chercher, sur les bords de la Loire, cette touche d’exotisme à la française. Ceint de son écharpe tricolore, le maire posait avec les touristes pour la photo.
Chargée des relations «France-Chine» au cabinet du maire de Tours
L’organisation de ces cérémonies romantiques était pilotée par la société Time-Lotus bleu Sarl, dont Lise Han, embauchée en 2008 au cabinet du maire comme «chargée des relations France-Chine», puis par la société d’économie mixte en charge du tourisme tourangeau, continuait de tirer les ficelles en sous-main.
Lise Han, originaire de Taïwan, était donc la gérante de fait de cette société, selon les magistrats instructeurs. Elle a été mise en examen en janvier 2013 pour «escroquerie», «prise illégale d’intérêt», et «recel de fonds publics». Son actuel et son ancien mari, qui dirigea la société Time-Lotus bleu, aussi. Quelques mois plus tard, en octobre, Jean Germain était mis en examen des chefs de «complicité de prise illégale d’intérêts et de détournement de fonds publics». Il avait été battu aux dernières élections municipales, alors qu’il briguait un quatrième mandat.
Les sommes en jeu sont considérables: 750.000 euros, sans compter le salaire (3500 euros mensuels) versé par la ville à sa salariée. L’ancien maire de Tours assurait qu’il «ignorait en totale bonne foi les mensonges et les manipulations de Mme Lise Han», et qu’il n’avait pas décidé son recrutement par la société en charge du tourisme, détenue à 90 % par la Ville de Tours. «Il est des êtres, j’en suis, pour lesquels l’injustice et le déshonneur sont insupportables», assure encore Jean Germain dans sa lettre d’adieu. «Soyez sûrs que je n’ai pas détourné un centime, que je ne me suis pas enrichi que j’ai toujours oeuvré pour ce que je pensais être le bonheur des Tourangeaux.»
