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Des employés de l’ONU qui avaient dénoncé des «actes graves» affirment avoir été victimes de représailles. Ils viennent d’adresser un courrier à Ban Ki-moon.

Le Palais des Nations à Genève. Image d'illustration.

Par Alain Jourdan

 

Si l’ONU s’emploie à alimenter dans les enceintes multilatérales telles que le Conseil des droits de l’homme, le débat sur la protection des lanceurs d’alertes, en interne c’est une tout autre affaire. Soutenus par le Comité de coordination des syndicats des personnels de l’ONU, des fonctionnaires et ex-fonctionnaires qui ont eu l’outrecuidance de dénoncer des dysfonctionnements internes viennent d’adresser un courrier au secrétaire général de l’ONU pour se plaindre du sort qui leur a été réservé. Au Palais des Nations, il se trouve à chaque coin de couloir, un fonctionnaire ou un diplomate qui sous couvert d’anonymat sera toujours prêt à lâcher, pour peu qu’il soit en confiance, des confidences sur un scandale étouffé. Certaines affaires, telles que celles qui ont agité l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) ces dernières années puis ces derniers mois ont été mises sur la place publique.

Chape de plomb

On retrouve trace dans certains rapports d’audit interne de l’ONU du limogeage ou de la mise au placard d’un directeur ou d’un sous-directeur indélicat. Il faut parfois lire entre les lignes pour comprendre qu’il s’agit d’un usage un brin abusif des notes de frais et autres primes, de népotisme ou d’une tendance à se montrer un peu trop entreprenant avec les secrétaires. Toutes ces affaires pourrissent la vie de certaines agences ou de certains services. C’est un sujet tabou. Le parcours pour accéder à un poste stable est tellement semé d’embûches que beaucoup de fonctionnaires contribuent eux-mêmes à couler la chape de plomb qui couvre petits et grands dysfonctionnements. Quant aux diplomates, attelés à régler les problèmes du monde, ils n’ont guère envie de plonger les bras dans le cambouis. Il en résulte une force d’inertie qui finit par décourager les plus combatifs. Dans un ultime sursaut, neuf dénonciateurs du système des Nations Unies viennent donc d’adresser une lettre au secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon et aux directeurs des agences spécialisées des Nations Unies pour les exhorter à faire davantage pour protéger ceux qui actionnent les mécanismes de contrôle et de justice internes. «Les gens ont peur de divulguer les actes répréhensibles parce que le système actuel offre peu ou pas de mesure de protection pour les dénonciateurs», expliquent les auteurs de ce courrier qui vont jusqu’à affirmer qu’ils ont été eux-mêmes victimes de «représailles». Les signataires ont travaillé pour diverses agences et programmes dans le système des Nations Unies, y compris le Secrétariat de l’ONU, de l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI), l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et le Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat).

Climat de tension

«Ils ont exposé des actes répréhensibles graves, faute grave et même des actes criminels au sein du système des Nations Unies», affirment la coordination des syndicats de personnels. Dans leur courrier, les intéressés appellent à une refonte profonde du système incluant une meilleure protection des donneurs d’alertes et la mise en place de mécanismes d’arbitrage indépendants. Cette lettre datée du 8 avril tombe à un moment ou les rumeurs de délocalisations et mutations au sein des différents services administratifs de l’ONU et de ses Agences contribuent à tendre les relations sociales. Un autre conflit est également en train de grossir autour de la gestion du fonds de pension des personnels de l’ONU où un responsable est accusé d’avoir falsifié des documents. Règlement de comptes interne ou vrai scandale en perspective? L’affaire agite le landerneau onusien. (TDG)

 

http://www.tdg.ch