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par Louis-Joseph Delanglade

« Il faut s’en tenir aux faits. Cela ne veut pas dire que nous soyons d’accord sur tout » déclare M. Obama lors de sa rencontre avec M. Castro au Panama. C’est bien cet état d’esprit, empreint de réalisme, qui semble prévaloir dans les négociations avec l’Iran, négociations dont l’enjeu dépasse le seul problème nucléaire et dont le résultat pourrait changer la donne politique dans toute la région.

L’accord « définitif » ne devrait pas être signé avant fin juin mais le seul fait qu’une telle date ait été programmée lors de la réunion de Lausanne sur le nucléaire iranien est déjà un signe. Il faut bien admettre que, quelles que soient leurs motivations, les Etats-Unis d’Amérique, puissance impériale encore dominante sans laquelle rien n’est possible, donnent l’impression de vouloir rebattre les cartes au Proche-Orient. Peut-être exaspéré par l’intransigeance israélienne ou la duplicité des royaumes du Golfe, sans doute conforté par une moindre dépendance pétrolière grâce à l’exploitation du gaz de schiste, M. Obama souhaite de façon évidente renouer avec l’Iran, marché potentiel de quatre-vingt millions de consommateurs et contrepoids idéal au bloc arabo-sunnite.

Bien entendu, cela suppose que les « clients » de l’état perse – Chiites d’Irak, du Liban, du Yemen et d’ailleurs, mais aussi Syrie de M. Assad – bénéficieront, à terme et en tant que tels, du même traitement. Faut-il y voir un paradoxe de la part du pays qui aura le plus œuvré pour mettre à feu et à sang toute une région avec ses interventions militaires répétées en Irak et Afghanistan notamment ? En tout cas, quelle leçon pour nos Fabius, Juppé et consorts, toujours droits dans leurs bottes, imperturbablement accrochés à leur lecture idéologique des événements, prétendant juger du Bien et du Mal, sans considération aucune pour nos intérêts les plus élémentaires ! On ose espérer que notre bien pâlotte diplomatie saura saisir l’opportunité qui lui sera ainsi offerte de reconsidérer son modus operandi au Proche-Orient.

Alors que perdure le problème posé par l’existence même de l’Etat d’Israël et que se durcit l’opposition séculaire entre chiites et sunnites, il serait ridicule et dangereux pour la France de prétendre peser de façon décisive sur les événements en cours. En revanche, rien n’interdit à notre diplomatie de se fixer une double ligne de conduite : se tenir à l’écart de toute intervention armée directe dans quelque conflit que ce soit ce qui, jusqu’à présent, n‘aura eu d’autre résultat que de nous désigner comme une des cibles privilégiées de l’islamo-terrorisme et de favoriser les flux migratoires incontrôlés en Méditerranée; considérer l’Iran pour ce qu’il est, c’est-à-dire un Etat capable de jouer en faveur d’un équilibre régional lui-même propice à la préservation et au développement de nos intérêts commerciaux et énergétiques.

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