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congrès socialiste de Poitiers, Karine Berger, les frondeurs, PS
Marianne : Pourquoi avoir décidé de constituer une motion en vue du congrès de Poitiers ?
Karine Berger : La première raison est que ce congrès devrait servir à régler les désaccords de lignes qui sont apparus entre socialistes depuis le début du quinquennat, notamment sur l’économie. C’est un moment qui doit être utilisé pour clarifier les positions du PS, et c’est aux militants de trancher ces désaccords. Nous souhaitons aussi éviter que le débat ne tourne en un affrontement entre deux blocs, les « pros » et les « antis » gouvernement, car pour nous il faut soutenir le gouvernement et il faut que le PS ait sa propre voix. Nous voulons également jouer le jeu du congrès en proposant par notre motion La Fabrique de rassembler notre famille sur une plateforme d’idées et de propositions pour 2017. C’est dans ce sens que nous présentons 86 propositions.
Pourquoi ne pas avoir fait motion commune avec celle menée par Christian Paul, « A gauche pour gagner », avec qui vous avez partagé certaines critiques ces derniers mois ?
Parce que nous sommes en désaccord sur la stratégie politique depuis le début avec Christian Paul et ses amis. Consistant à refuser de voter des textes du gouvernement et donnant l’impression que l’exécutif ne s’appuie pas sur une majorité au Parlement. Nous n’avons jamais pensé que l’Assemblée nationale était le lieu pour porter ces débats. Par ailleurs, nous, nous ne dressons pas le bilan de ces trois premières années de quinquennat, comme le fait la motion B. Nous nous concentrons sur la suite afin d’être en position de réussite pour 2017. C’est l’une des raisons pour laquelle Paul Quilès nous a rejoint, alors qu’il était jusqu’à présent plutôt sur la motion B.
Cette position n’est-elle pas difficilement lisible pour les militants socialistes et plus largement pour les citoyens : vous souhaitez apportez une dose de critiques mais vous refusez de rentrer dans un rapport de force sur les textes du gouvernement ?
Au contraire. Je n’ai pas rencontré de militants socialistes qui me reprochaient de voter les textes du gouvernement. Ils distinguent parfaitement les nécessaires débats qu’il doit y avoir au sein du Parti socialiste et le soutien qu’il faut apporter à la politique gouvernementale. Ils veulent le débat et la décision, et c’est normal. Mais j’insiste : ils veulent le débat : c’est notre grande différence avec la motion Cambadélis, puisque, nous, nous le proposons sur 86 propositions.
Certains reprochent déjà à ce congrès de ne rien changer sur le fond. En refusant d’aller à la confrontation au sein du parti, ne participez-vous pas à l’affadissement de ce prochain rendez-vous militant ?
Je ne comprends pas bien ce genre de remarque puisque justement, notre objectif premier est le rassemblement des socialistes à la fin de ce congrès. C’est la raison d’être de notre motion la Fabrique d’éviter de facto que les divergences au sein du PS ne conduisent à des déchirements trop profonds. Le PS peut se casser en deux, comme cela s’est produit au sein du groupe socialiste. Et ce serait la catastrophe. Le congrès de Poitiers sera un moment décisif puisque à peine 6 mois après la fin de sa tenue débuteront les primaires à droite et donc la campagne pour la présidentielle. Il faut que nous soyons donc en ordre de bataille à l’issue de ce congrès, que nous ayons les idées claires sur ce que nous voulons proposer aux Français. Avec un parti rassemblé et renouvelé.
