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À peine dévoilé, le probable nouveau nom de l’UMP déclenche, çà et là, des pâmoisons et même une action en justice. Nathalie Rheims prend un peu de hauteur.
Regardant Olivier Galzi sur i>Télé, je découvre que le buzz autour de l’utilisation par l’UMP de la marque « Les Républicains » n’a pas fini de nous distraire. Maître Christophe Lèguevaques, bien connu à Toulouse pour ses penchants à gauche, entend attaquer l’UMP en justice à propos de cette « captation d’héritage sémantique ». Maître Emmanuel Pierrat, spécialiste de la propriété intellectuelle, explique que son confrère va essayer, par cette action, de faire valoir qu’on ne peut pas utiliser un mot générique pour créer une marque comme « Pain » pour vendre du pain ou « Télévision » pour faire une chaîne de télévision. Pourtant, démontrer que « Républicain » est un mot générique de « parti politique »… ce n’est pas gagné.
En rappelant comment Dolmancé, dans La Philosophie dans le boudoir, trouve une brochure qui permet au divin marquis d’appeler les Français à redoubler d’efforts, s’ils veulent, justement, devenir républicains, j’étais loin de me douter qu’une telle question deviendrait d’actualité. Dans le récit de Sade, il s’agit de répondre à la question posée par Eugénie qui « voudrait savoir si les moeurs sont vraiment nécessaires dans un gouvernement et si leur influence est de quelque poids sur le génie d’une nation ». Il faut noter le soin apporté à l’initiation de cette jeune ingénue.
Du bon usage des moeurs républicaines
J’aimerais trouver la même rigueur dans nos ébats politiques. Il faudrait, en particulier, adopter la position la plus propice et la moins acrobatique sur la question du « pacte républicain ». On reproche à l’UMP de ne pas jouer le jeu et de risquer, en optant pour le « ni-ni », de favoriser le Front national au deuxième tour en cas d’absence. On met en demeure l’UMP d’obéir strictement à des moeurs républicaines et de bien marquer sa différence vis-à-vis d’une droite qui, elle, ne le serait pas : républicaine.
En changeant de nom, pour devenir « Les Républicains », l’UMP ne se plie-t-elle pas à cette noble exigence ? À moins qu’elle n’envisage ce pacte qu’à l’aune du mariage et que, comme l’explique Mme de Saint-Ange à la jeune Eugénie : « Dans quelque état que se trouve une femme, ma chère, soit fille, soit femme, soit veuve, elle ne doit jamais avoir d’autre but, d’autre occupation, d’autre désir que de se faire foutre du matin au soir : c’est pour cette unique fin que l’a créée la nature ; mais si, pour remplir cette intention, j’exige d’elle de fouler au pied tous les préjugés de son enfance, si je lui prescris la désobéissance la plus formelle aux ordres de sa famille, le mépris le plus constaté de tous les conseils de ses parents, tu conviendras, Eugénie, que de tous les freins à rompre, celui dont je lui conseillerai le plus tôt l’anéantissement, sera bien sûrement celui du mariage. » Mais c’est peut-être très différent pour les « familles politiques ».