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Dominique Jamet

Chassés par la misère et par la guerre, en quête d’un asile ou rêvant d’un eldorado, ce ne sont pas des milliers, ni même des dizaines de milliers, mais des centaines de milliers de malheureux qui, venus de l’Afrique ou du Moyen-Orient, quittent leur terre natale et affrontent les mille périls d’un voyage dont ils ne savent que trop qu’il peut être sans retour. Le nouveau drame dont la Méditerranée vient d’être l’impassible théâtre en est la dernière et sinistre illustration.

L’Europe était le but de ces hommes dont la mer est désormais le linceul et ce que l’on attend aujourd’hui des dirigeants européens, ce ne sont pas des discours, des regrets et des larmes, mais des décisions qui mettent le plus rapidement possible un terme à une situation à tous points de vue intolérable. Pas de paroles. Des actes.

Le Vieux Continent a-t-il vocation et a-t-il intérêt à accueillir sans discrimination et sans restriction toute la misère du monde ? Si c’est le cas, qu’on le fasse savoir, qu’on lève tous les obstacles qui gênent ou ralentissent encore l’immigration de masse, qu’on ouvre en grand les frontières et les portes avec toutes les conséquences qui en résulteront. Si ce n’est pas le cas, si les peuples et les gouvernements européens n’en ont ni la capacité, ni la volonté, qu’on le fasse également savoir, et qu’il soit entendu que, si douloureux que soit ce choix, ces voyageurs sans billet seront ramenés à leur point de départ. Dans une hypothèse comme dans l’autre, la solution adoptée coupera l’herbe sous les pieds des ignobles « passeurs » qui tondent les troupeaux d’hommes qu’ils mènent indifféremment à la mer et à la mort.

L’Europe a-t-elle les moyens et la volonté de rétablir la paix ou de faire régner la prospérité là où l’on ne jouit trop souvent ni de l’une et de l’autre ? Si c’est le cas, qu’elle s’engage à fond dans une gigantesque opération simultanée de rétablissement de l’ordre et d’aide au développement, quitte à s’exposer au risque d’être accusée de néo-colonialisme. Si ce n’est pas le cas, qu’elle ne se mêle pas sans réflexion et sans discernement des affaires de peuples qui ont voulu et obtenu leur indépendance.

A défaut de renverser le cours de l’histoire, il est possible de l’infléchir. Avec ou sans mandat de l’ONU, l’Union européenne est parfaitement à même de stopper, de traquer, d’éliminer les trafiquants de chair humaine, les nouveaux négriers qui, abusant de notre faiblesse et de la crédulité de leurs victimes, ressuscitent en ce début du XXIe siècle, au cœur d’une mer que les Romains disaient nôtre, les temps et les mœurs des Barbaresques.

D’un point de vue humain, on ne peut laisser ces gangsters enturbannés prospérer dans l’impunité et entretenir dans l’illusion leurs clients qui sont leurs dupes et trop souvent leurs victimes. D’un point de vue moral, la France et la Grande-Bretagne se doivent de contribuer à réparer le mal dont elles portent si largement la responsabilité. D’un point de vue géopolitique, il n’est que temps de réagir face au chaos à l’abri duquel s’infiltre, s’enracine et prolifère l’État islamique.