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Inauguration de l'aventure Michelin (centre patrimonial de la manufacture michelin). - LINDAUER ThierryInauguration de l’aventure Michelin (centre patrimonial de la manufacture michelin). – LINDAUER Thierry

Le destin de François Michelin, personnalité hors du commun, a eu deux versants : une formidable réussite professionnelle et des tragédies familiales qui ont marqué sa vie.

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Vidéo archives réalisée par Thierry Gauthier et Valérie Guinard

«Patron le plus discret de France », « homme secret, froid, cassant, gris, avare de confidence », « paternaliste » « prototype du patron antisocial » ou bien « formidable chef d’entreprise » dont « le style direct surprend, la simplicité rassure, l’indépendance séduit ». François Michelin ne laissait personne indifférent, provoquant les sentiments les plus extrêmes, véhiculant une image avec son immuable imperméable, sa sacoche, sa 2CV avec laquelle il circulait dans Clermont-Ferrand, confinant à la caricature ou à la légende.

Mais derrière les clichés, il y a un destin et des drames. François Michelin naît le 15 juin 1926. Il a six ans lorsque son père Étienne s’écrase avec son avion près du puy de Dôme. Cinq ans plus tard, son oncle Pierre décède dans un accident de la route. François, d’abord sous la férule de son grand-père Édouard (qui meurt en 1940), apprend les fondements de la Maison et d’abord le credo de « la réalité des faits ».

En 1951, il rentre à « l’usine » sous une fausse identité, travaille comme ajusteur dans un atelier de mécanique, fait les 3×8 pendant deux ans, part comme voyageur de commerce pour un tour de France des garagistes, conduit les navettes entre les différentes usines clermontoises, travaille à celle de Turin, devient chef d’atelier. Au terme de ce parcours quasi initiatique, il est nommé en 1955 cogérant aux côtés de Robert Puiseux et doute de ses capacités à conduire la manufacture : « Suis-je capable de m’occuper de ce monstre?? » confie-t-il à Robert Puiseux.

François Michelin, catholique fervent, n’est jamais devenu un patron comme les autres. Sa discrétion va de pair avec un franc-parler, parfois redoutable. En 1968, mécontent des accords de Grenelle, il claque la porte du CNPF et vingt ans plus tard, lâche à Ernest-Antoine Seillière que le nom de Medef évoque « un pneu qui se dégonfle »… Il est encore plus virulent envers les syndicats de salariés : « Le pouvoir syndical, c’est l’irresponsabilité au pouvoir. »

Le patron le plus discret de FranceUne autre de ses phrases le définissait parfaitement : « L’autorité ne se partage pas, elle s’incarne. » Incarnation de la Manufacture, François Michelin était aussi d’une humilité paradoxale, vouant toute sa vie à l’usine, qui est « comme un verbe dont le sujet est le client ».

Lors de son départ de la gérance, le 17 mai 2002, les larmes de cet homme pudique témoignèrent, mieux que toute parole de son implication totale dans l’entreprise. Quatre ans plus tard, le 26 mai 2006, son fils Édouard – qui lui avait succédé – périra en mer. Un drame familial – la mort de son père – avait précédé son arrivée à la tête de l’entreprise, un autre, aussi terrible, a suivi son départ.

En 1951, il travaille à l’usine comme ajusteur sous une fausse identitéClermontois de toujours, partageant sa vie entre son appartement du cours Sablon – d’où il se rendait à pied à l’usine des Carmes – et Orcines, François Michelin a continué à participer aux grands événements de l’entreprise dans son berceau historique, comme la pose de la première pierre du nouveau centre de recherches de Ladoux, le 16 décembre 2013, ou la visite de François Hollande sur ce même site, le 18 avril 2014.

Avec son épouse Bernadette, décédée le 24 juillet 2014, le « patron le plus discret de France » avait choisi de se retirer à Clermont-Ferrand, dans l’établissement pour personnes âgées géré par les Petites sœurs des Pauvres, boulevard Jean-Baptiste-Dumas. À deux pas de l’usine des Carmes.

François Graveline

http://www.lamontagne.fr/auvergne