
Tirant les conséquences des attentats de janvier, le chef de l’Etat a annoncé ce mercredi matin un effort « considérable » pour la Défense : 18.500 postes sur les 34.000 qui devaient supprimés d’ici à 2019 vont être préservés.
Noël avant l’heure pour l’armée. A l’issue d’ un Conseil de défense ce mercredi matin, François Hollande a annoncé que les crédits de la loi de programmation militaire allaient bénéficier d’un effort « considérable » pour tirer tous les enseignements des attentats de janvier et du très haut niveau de déploiement des forces en opération extérieure. Au total, ce sont 6 milliards d’euros supplémentaires que le chef de l’Etat a décidé d’allouer à la grande muette et, ce, malgré les impératifs de réduction des déficits publics.
François Hollande a d’abord rappelé que les 31,4 milliards prévus en 2015 seraient bien au rendez-vous. Mais, et l’inflexion est notable, tout proviendra de crédits budgétaires en bonne et due forme. « Le ministère de la Défense est sûr de pouvoir disposer de ces crédits », a promis François Hollande. Autrement dit, adieu – au moins pour cette année – au très controversé projet de location de matériel à l’étude depuis plus de six mois.
Défendu par la Défense, faute de mieux, mais combattu par Michel Sapin, pour ses effets nocifs sur l’endettement , ce projet devait permettre de récupérer 2,2 milliards initialement attendus de la cession des fréquences de la TNT, la télévision numérique terrestre. L’idée était de créer une ou deux sociétés spéciales (« SPV » en anglais), capitalisées grâce à la cession par l’Etat de quelques participations publiques, et qui auraient acheté à l’armée des matériels pour les lui re-louer aussitôt, avion de transport A400M ou frégate multi-missions. D’où une rentrée d’argent frais.
18.500 postes préservés
Deuxième annonce majeure : pour financer la prolongation dans la durée de l’opération Sentinelle – c’est-à-dire pouvoir déployer 7.000 hommes affectés à la surveillance des points sensibles du territoire – autant que pour poursuivre le haut niveau de déploiement des troupes à l’extérieur (Sahel, Irak, Centrafrique…), ce sont 3,8 milliards supplémentaires qui vont être alloués sur la période 2016 à 2019, en tenant compte des économies dégagées sur l’inflation ou le prix du pétrole.
François Hollande n’est par rentré dans les détails, déclarant seulement que cette somme recouvre « pour beaucoup des crédits de personnes et d’équipements ». L’armée a fait ses comptes : elle estime qu’il fait sauver 18.500 postes sur les 34.000 promis à la suppression dans la loi de programmation militaire mener à bien toutes les missions qu’on lui assigne. Compte tenu de ce qui a déjà été fait, les effectifs de la grande muette ne diminueront donc « que » de 7.300 postes d’ici à 2019. C’est un allégement majeur de son plan social.
Les 3,8 milliards de crédits supplémentaires serviront aussi à financer la maintenance des matériels, qui sont très éprouvés par les Opex, mais aussi à en acquérir de nouveaux. Là encore pas de détail, le chef de l’Etat évoquant juste l’aéronautique, la cyberdéfense ou encore le renseignement.
Les choses ne vont par traîner puisque la loi de programmation actualisée sera présentée au Conseil des ministres du 20 mai, a ajouté François Hollande.