Par Soren Seelow

Des militaires déployés en République centrafricaine (RCA) dans le cadre de l’opération « Sangaris » sont soupçonnés d’avoir abusé sexuellement d’enfants lors de leur mission à Bangui. Des informations révélées, mercredi 29 avril, par le quotidien britannique The Guardian, qui a eu accès à un rapport interne de l’Organisation des nations unies (ONU).
- Quels sont les faits reprochés ?
Les faits incriminés se seraient déroulés entre décembre 2013 et mai-juin 2014, lors des premiers mois de l’opération « Sangaris », et, d’après les informations obtenues par Le Monde, quatre garçons, âgés de 9 à 13 ans, auraient été victimes de viols commis par des soldats français.
Selon The Guardian, les soldats sont soupçonnés d’avoir abusé de ces jeunes garçons « affamés et sans abris » en échange « de nourriture ou d’argent ». Le « document de travail » de l’ONU qui a fuité évoque des « fellations » forcées pour ces militaires français.
Six enfants ont été entendus par l’ONU : quatre victimes directes, et deux enfants qui disent avoir pris connaissance, ou avoir été témoins, des agressions subies par les quatre victimes directes.
- Combien de soldats français sont impliqués ?
Les accusations ne donnent aucun nom. Selon les estimations et les recoupements de chacun, 14 soldats français sont soupçonnés d’être impliqués. Parmi ces militaires, « très peu » ont été identifiés, a indiqué une source judiciaire à l’AFP, sans en dévoiler le chiffre précis.
D’après une source judiciaire, les accusations visent aussi des militaires étrangers. Cinq d’entre eux, de deux nationalités différentes, non européens, sont en effet accusés par des enfants d’agressions sexuelles. Un des deux enfants témoins, et non victime directe, dit avoir assisté à une sodomie pratiquée par un soldat étranger non français.
- Où en est l’enquête ?
Selon une source judiciaire, le ministère a reçu cette information le 29 juillet 2014 sous la forme d’un document de travail de l’ONU, qu’il a aussitôt transmis à la justice française. Le parquet a ouvert trois jours plus tard une enquête préliminaire pour « viols sur mineurs de 15 ans » sur la base de l’article 40, après « dénonciation » du ministère de la défense.
La section de recherches (SR) de Paris et la SR de la gendarmerie prévôtale – une formation dont la mission principale est d’enquêter auprès des forces armées françaises stationnées hors du territoire français – ont été saisies de l’enquête. Une enquête de commandement a par ailleurs été diligentée en interne.