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Par Jules Dufour
Depuis quelques années, nous assistons impuissants, dans l’ensemble planétaire, à l’appauvrissement général des peuples. Les pays dits industrialisés et riches subissent maintenant le même sort que les plus pauvres. On voyait déjà, pour eux, il y a dix ans ce processus de « tiermondisation » se pointer à l’horizon. Les masses populaires des travailleurs sont sacrifiées dans un mouvement sans précédent de concentration de la richesse collective entre les mains des pouvoirs financiers. Ce fait a été qualifié de grande imposture et de complot ourdi de façon brutale contre les sociétés et les cultures. Partout c’est un assaut contre le fait politique et social. Une dictature mondiale en plein développement.

Dans le continent européen, les mesures d’austérité ont frappé fort dans tous les secteurs d’activités et dans les entreprises à caractère social et communautaire. Des pays comme l’Espagne, l’Irlande, le Portugal et la Grèce ont été profondément affectés (mondialisation.ca). C’est dans ce contexte que sont nés le Movimiento de los Indignados et la contestation générale dans tous les pays avec des manifestations imposantes contre les gouvernements en place et le nouvel ordre imposé. La résistance s’est organisée dans toutes les sphères des activités humaines, une résistance pour stopper cet assaut perpétré contre les sociétés.
1er mai 2015
Au Québec, depuis l’arrivée au pouvoir du Parti libéral en avril 2014, des réformes ont été dictées et imposées dans tous les secteurs des activités économiques et sociales, mais surtout dans les secteurs des services de santé et d’éducation. Des réformes correspondant à des coupures dans les subventions accordées par l’État, à la réduction des salaires des employés de la fonction publique, à l’augmentation des tarifs pour un très grand nombre de services essentiels, à la diminution des subventions aux collèges et aux universités, à des ponctions importantes dans les régimes de retraite, etc. Tout ceci accompagné par l’élimination ou la suppression de plusieurs organismes voués à la planification et aux actions de développement et, notamment, les Conférences régionales des élus (CRÉ), les Centres locaux de développement (CLD) et les forums jeunesse (voir annexe 1) sans oublier la fusion imposée des commissions scolaires.
Résistance et mobilisation
La résistance à l’ensemble de ces opérations visant le démantèlement de l’État et le processus de privatisation a pris naissance de façon coordonnée au cours des derniers mois. Peu à peu les voix se sont fait entendre et de nombreux appels provenant de tous les milieux économiques, sociaux et politiques ont été lancés avec détermination et courage. Un véritable cri du cœur s’est fait entendre par une série de manifestations organisées un peu partout, elles-mêmes facilitées par les réseaux sociaux. Mentionnons quelques organisations qui n’ont pas cessé de dénoncer les réformes gouvernementales : La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), la Confédération des Syndicats nationaux (CSN), les professeurs des cégeps, l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) et la Coalition Main Rouge.
Cette mobilisation est venue remettre en question de facto et de façon nette la vision et les orientations du gouvernement au pouvoir. Elle s’inscrit dans la mouvance du printemps étudiant 2012 au Québec, de celle des Indignés (wikipedia.org) et de celle du « 99 social movement » (wikipedia.org). Comme ces derniers, la résistance présentement en voie de formation veut d’abord conserver les acquis sociaux et freiner le processus de démantèlement de l’État qui, lui-même, se fait dans un contexte de privatisation des services publics.
La résistance, à l’instar du Mouvement des Indignés, cherche, de façon inavouée ou ouvertement à « entamer une prise de conscience sur la nature oligarchique des systèmes politiques, à réformer le système économique et financier, à lutter contre l’austérité, à lutter contre la corruption, à réformer les systèmes politiques, à faire une révolution citoyenne, à donner une place médiatique aux citoyens et à exiger et créer de véritables démocraties » (wikipedia.org).
Le 1er mai. Grèves, actions, Mobilisations sociales et perturbations économiques
La Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics appelle à une journée de grèves, d’actions, de mobilisation sociale et de perturbations économiques le 1er mai 2015. Les groupes membres de la Coalition et leurs alliés sont invités à s’organiser dans leurs milieux pour que le message lancé au gouvernement soit sans équivoque: non à l’austérité, oui à la redistribution de la richesse.
Des centaines de groupes communautaires, des associations étudiantes et des syndicats seront en grève le 1er mai prochain (Voir la liste provisoire : http://bit.ly/1Ko3ouk).
Après les manifestations et la grève du 1er mai le grand dérangement va se poursuivre grâce à l’esprit de résistance des organismes sociaux, des syndicats, des étudiants et de toutes les personnes qui ont compris que le processus de démantèlement de l’État effectué jusqu’à maintenant doit être contrecarré avant qu’il ne soit trop tard. Sous le règne du gouvernement libéral de Jean Charest, entre 2003 et 2011, on appelait cette opération la réingéniérie de l’État. Aujourd’hui, on appelle cela de l’austérité pour tous les citoyens salariés et les autres qui n’ont plus accès au marché du travail.
Toutes ces mesures d’austérité sont définies en vue de parvenir à un budget annuel équilibré alors qu’il a été démontré que le recours à des ressources financières importantes approchant les 10 milliards de dollars permettrait d’en finir avec ces mesures austères et destructrices de la société (nonauxhausses.org). D’ailleurs, il a été démontré que les mesures d’austérité effectuées sur le continent européen ont eu un effet fort négatif sur l’économie : « Les experts ont systématiquement sous-estimé l’impact négatif des politiques d’austérité sur la croissance économique, confirme l’économiste en chef du Fonds monétaire international » (ledevoir.com).
Un front commun en émergence?
Cette mobilisation du 1er mai peut s’avérer un catalyseur pour permettre l’émergence d’un front commun qui pourrait enclencher un mouvement de résistance encore plus fort au cours des prochains mois et, avec la rentrée à l’automne, serait susceptible de prendre une grande ampleur. À l’Avant-scène pourraient se profiler toutes les centrales et les fédérations syndicales du Québec, soit la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), la Confédération des syndicats nationaux (CSN); la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Centrale des syndicats démocratiques (CSD); la Fédération interprofessionnelle du Québec (FIQ), le Syndicat Canadien de la fonction publique (SCFP); le Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ); l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS); le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) et l’Union des producteurs agricoles (UPA). À ce contingent imposant pourront s’ajouter, notamment, les diverses associations étudiantes collégiales et universitaires et les milliers d’organisations communautaires.
Conclusion
Au cours des derniers mois, les dénonciations des actions gouvernementales posées sans consultation ont fusé de toutes parts. On s’est insurgé devant les très nombreuses coupures budgétaires, la suppression d’organismes de développement essentiels, la hausse de tarifs, la diminution des avantages des régimes de retraite, les coupures de postes de cadres, la diminution des budgets consacrés à la santé. On a exprimé sa colère de mille et une façons et on a fait même appel à une révolte populaire. Les coupures, en effet, se sont succédées sans relâche jusqu’à maintenant. À titre d’exemples mentionnons qu’en juin 2014 des coupures de 4,7 millions de dollars sont effectuées dans le programme d’intégration et à la francisation des immigrants et qu’en octobre 2014 le gouvernement effectuait une coupure de 211 millions de dollars dans l’aide sociale et une autre de 172 millions de dollars dans les budgets des universités.
Les dispositions du budget 2015-2016 se sont avérées une continuation des mêmes politiques appliquées au cours de l’année précédente. On assiste ainsi à « Un gel des dépenses en éducation et une augmentation d’à peine 1,4 % en santé, cela signifie des coupes massives à venir dans ces réseaux; on peut craindre qu’elles soient deux fois pires que celles imposées cette année. Si les Québécois pensaient que les coupes avaient fait mal l’an dernier, ils n’avaient rien vu. On devra faire face aux plus importantes coupes des 15 dernières années. Comment prétendre que l’éducation et l’enseignement supérieur sont essentiels à notre développement économique, alors qu’une augmentation de 30 millions seulement leur est consacrée? Visiblement, les familles de la classe moyenne et les plus vulnérables paient encore pour l’austérité libérale », a ajouté Alain Therrien » (député de Sanguinet) (lavantage.qc.ca).
Heureusement, trois voix, trois députés de Québec Solidaire, se font entendre dans l’enceinte de l’Assemblée nationale pour dénoncer cette situation générale qui met en péril les acquis sociaux et pour faire valoir la contribution indispensable et précieuse des 3 000 organismes communautaires pour le mieux-être de la société. Ces députés ne manquent pas une occasion d’exposer l’impact négatif des réformes austères et imposées qui s’exercent sur l’ensemble de nos institutions et sur la vie des citoyens et de rappeler aux députés et ministres la nécessité de respecter les règles démocratiques fondamentales et participatives qui ont prévalu jusqu’à maintenant dans l’arbitrage nécessaire entourant l’adoption des projets de loi, le tout régi par les règles du droit.
Le 1er mai, Journée internationale des travailleurs et des travailleuses, sera sans contredit une grande occasion de manifester mécontentement, insatisfaction, indignation et colère. Le mot d’ordre est donné pour un geste de solidarité et ce pour le bien-être de tous les Québécois.
