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Par Tristan Quinault Maupoil

La réforme de Najat Vallaud-Belkacem est de plus en plus contestée, à gauche comme à droite, tandis que François Hollande a volé au secours de sa ministre, dénonçant un «concert des immobiles».
Pas encore examinée à l’Assemblée nationale mais déjà largement contestée. Le projet de réforme du collège de Najat Vallaud-Belkacem provoque une large fronde chez les élus, toutes tendances politiques confondues. À droite, Nicolas Sarkozy, le président de l’UMP, s’est élevé mercredi dans Le Figaro contre un texte «détestable». «On a l’impression que le gouvernement a voulu dans cette affaire additionner toutes les erreurs à ne pas commettre», assure l’ex-chef de l’État, s’émouvant notamment de la disparition des classes bi-langues. La veille sur RTL, son ancien premier-ministre, François Fillon, a plaidé pour la «suspension» de la réforme. «Ce n’est parce que réformer l’école est difficile que ça justifie n’importe quoi», s’est emporté celui qui a aussi été ministre de l’Education nationale.
Bruno Le Maire a poursuivi l’offensive mercredi en publiant une lettre ouverte à François Hollande. Cosignée par plus de 150 parlementaires de l’UMP et de l’UDI, la missive de l’ancien ministre s’attaque sous la forme d’une anaphore, chère à François Hollande, à tous les points sensibles du projet. «L’histoire retiendra que c’est une majorité de gauche qui propose de rendre facultatif l’enseignement des Lumières au collège (…) de couper la langue française de ses racines en réduisant l’enseignement du latin à de simples notions de civilisation (…) de fragiliser l’apprentissage de l’allemand en France en supprimant les classes bilangues», note le député de l’Eure. Les signataires, dont les ténors Rachida Dati, Brice Hortefeux, Eric Woerth, Thierry Solère, Thierry Mariani, mettent en garde contre «un naufrage pour notre Nation». Ils ont été rejoints par le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde.
Localement, une vingtaine d’élus de l’est de la France emmenée par le président du Conseil régional d’Alsace, Philippe Richert, a écrit mercredi à Manuel Valls pour faire l’éloge des classes bilangues franco-allemandes menacées par le gouvernement. «Sachez que chez nous en Alsace, une telle décision serait une erreur éducative, diplomatique, culturelle, politique et économique», écrivent-il.
Dray et Filippetti retoquent la réforme
Dans son propre camp, Najat Vallaud-Belkcaem doit aussi faire face à de vives critiques. Mercredi, le conseiller régional Julien Dray, qui dit avoir «quelques compétences» pour les questions éducatives, a demandé à la ministre de «reprendre» sa réforme». «La novlangue technocratique qui entoure cette réforme doit être abandonnée au profit de concepts simples», a soufflé ce proche de François Hollande interrogé par RTL. «Je pense par exemple que le latin et le grec ne sont pas des matières périmées. Je pense que l’enseignement chronologique de l’histoire doit être maintenu», a lancé le socialiste. Des reproches déjà exprimées fin avril par l’ancienne ministre de la Culture, Aurélie Filippetti. Sur LCP et Public Sénat, la députée PS de Moselle disait «regretter profondément la supression des classes bilangues» et faisait part de son «inquiétude» quant à la disparition des options de grec et de latin.
François Hollande dénonce «le concert des immobiles»
En visite mercredi au Conseil économique, social et environnemental, François Hollande a volé au secours de Najat Vallaud-Belkacem en défendant fermement sa réforme. «J’entends le concert des immobiles, ce sont souvent les plus bruyants, ceux qui, au nom de l’intérêt général supposé, défendent leurs intérêts particuliers», a-t-il dénoncé. «Eh bien non, c’est terminé». Le chef de l’État a assuré que le latin et le grec étaient des «disciplines essentielles», «qui s’inscriront désormais dans le parcours de jeunes collégiens». «Il y aura à partir de cette réforme davantage d’enseignement des langues, mais pour tous les élèves», a-t-il assuré, le jour du troisième anniversaire de son élection à l’Élysée.