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On ne sait trop à quoi carbure le garde des Sceaux Christiane Taubira ; mais ça doit sûrement être du lourd, de la weed guyanaise génétiquement modifiée ou du rhum local customisé. Car voilà que l’intouchable idole de la gauche enclenche la surmultipliée : « Ils n’auront pas mon suicide ! » Et la donzelle de comparer son sort à celui de Roger Salengro…
Au fait, qui est Roger Salengro ? Tout simplement un ministre de l’Intérieur socialiste, ayant officié lors du Front populaire en 1936. Pas de chance pour lui, une rumeur prétend qu’il aurait un peu déserté durant la Grande Guerre ; fait qui ne fut jamais véritablement avéré ou infirmé. Nonobstant, il n’en faut guère plus à la presse de l’époque – tout aussi teigneuse des deux bords de l’échiquier politique – pour lancer de vigoureuses campagnes contre le ministre en question. En la matière, les journaux de droite et d’extrême droite sont évidemment en première ligne, mais leurs homologues communistes ne laissent pas non plus leur part au chat.
Résultat : Roger Salengro met fin à ses jours le 17 novembre 1936. Dans les colonnes de Gringoire, le polémiste Henri Béraud l’avait affublé du sobriquet de « Proprengros ». Pas gentil, assez cruel, mais bien dans les mœurs journalistiques d’alors. Aujourd’hui, des lycéennes insultées sur les réseaux sociaux se suicident pour moins que ça ; comme quoi…
Là où la sortie de Christiane Taubira prend des allures croquignolettes, c’est lorsqu’elle se met sur le même plan que ce soldat des tranchées, sachant que les poilus, contrairement aux Femen ou aux militants de LGBT, ne se battaient pas contre l’assaillant à coups de sac à main ou en exhibant leurs roupettes.
Là, une fois encore, où l’on se pince, c’est à la lecture du « Scan politique » du Figaro, avec ce titre : « Visée par des attaques racistes, la ministre compare sa situation à celle de Roger Salengro, poussé au suicide en 1936 par une campagne de calomnies antisémites. » Pas de chance : après avoir épluché encyclopédies politiques, sites d’antisémites fiévreux ou de juifs furieux, nulle trace de judaïté chez le défunt…
En revanche, il y aurait des choses à dire sur Roger Salengro qui, avec Léon Blum et la CGT d’alors, fut l’un des premiers à promouvoir la préférence nationale à l’embauche, précédant en cela le Front national d’au moins quatre décennies. Plusieurs textes de loi furent ainsi proposés, certains votés et d’autres non. Et le concept, repris par le Parti communiste français, période Georges Marchais, de l’être ensuite par un certain Jean-Marie Le Pen.
Christiane Taubira, donc, nous aura bel et bien prévenus : « Qu’ils multiplient leur violence par un million, je tiendrai encore. Par dix millions, je tiendrai encore. Le monde n’est pas à eux. » Et d’ajouter : « Le système médiatique m’a enfermée dans ma couleur. » Première nouvelle… Dans un légitime souci de moraline, gratuite, laïque et obligatoire, qu’il nous soit aussi permis de dénoncer d’autres discriminations tout aussi attentatoires à la dignité humaine : Casimir, par exemple, stigmatisé lui aussi par ses rondeurs comparables aux courbes taubiresques, et montré du doigt à cause de la glauque couleur de son épiderme mousseux.
Bref, nous sommes à la fois verts de rage et morts de rire. Et, juste histoire de recouvrer notre calme, pourquoi ne pas se replonger dans la lecture des œuvres complètes de René Guenon ?