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Le dernier débat des candidats à la chefferie du Parti québécois a également abordé la laïcité

Marco Bélair-Cirino
Les candidats Alexandre Cloutier, Pierre Karl Péladeau et Martine Ouellet ont salué des militants au terme du débat qui a eu lieu jeudi soir.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Les candidats Alexandre Cloutier, Pierre Karl Péladeau et Martine Ouellet ont salué des militants au terme du débat qui a eu lieu jeudi soir.

Le député de Saint-Jérôme, Pierre Karl Péladeau, refusera tout compromis en matière de protection de la langue française s’il est porté à la tête du Parti québécois.

« Il faut faire le nécessaire pour que cette protection soit solide, durable, et, plus que ça… symbolique ! », a-t-il déclaré jeudi soir à l’occasion de l’ultime débat des candidats à la direction du PQ. « Il faut que les gens, les entreprises et ceux qui oeuvrent dans le milieu économique comprennent que sur le français, nous ne tolérons pas de compromis », a-t-il ajouté, s’attirant les applaudissements nourris des quelque 650 sympathisants péquistes réunis dans le théâtreCorona, à Montréal.Les tribunaux canadiens ont « édenté », « égratigné », « émasculé » les moyens de protection de la langue française au Québec, a poursuivi M. Péladeau.

Tous les candidats se sont dits favorables à l’application de la loi 101 aux PME de 26 à 49 employés ainsi qu’aux entreprises dont les activités relèvent de la compétence fédérale. « Nous sommes rendus là », a fait valoir M. Péladeau.L’actionnaire de contrôle de Québecor s’est toutefois montré hésitant à étendre l’application de la Charte de la langue française aux cégeps comme le suggérait l’ancien député de Borduas, Pierre Curzi. PKP préconise la tenue de « consultations » sur le sujet dans les instances du PQ. « On a d’autres priorités », a dit sans ambages la députée de Vachon, Martine Ouellet, citant notamment l’offre de cours de français pour tous les immigrants.

Charte de la laïcité En matière de laïcité, les quatre candidats à la chefferie — Pierre Karl Péladeau, Martine Ouellet, Alexandre Cloutier et Pierre Céré — sont parvenus jeudi soir à « un assez grand consensus », a résumé Mme Ouellet lors d’un impromptu de presse après le débat.

À l’instar de ses adversaires, le grand favori, Pierre Karl Péladeau, a dit préconiser une interdiction du port des signes religieux chez les enseignants, et ce, en plus des employés de l’État en position d’autorité. Il s’agit du « consensus québécois » proposé par le rapport Bouchard-Taylor, a souligné M. Cloutier. « Depuis, rien n’a été fait. »Le PQ doit ouvrir la porte au « compromis », mais pas à la « compromission » afin de renforcer la laïcité de l’État, a soutenu M. Péladeau. Le PQ doit faire le pari de l’« ouverture », du « dialogue » et de la « discussion » lorsqu’il révisera la législation québécoise.

« La question de la laïcité ne s’arrête pas au port de signes religieux », a fait remarquer M. Cloutier, pointant le non-respect du régime pédagogique du ministère de l’Éducation par différentes communautés religieuses. « Le seul parti qui va se tenir debout pour défendre la langue française, mais aussi tout ce que nous sommes comme Québécois, c’est […] le Parti québécois », a-t-il déclaré avant d’être chaudement applaudi.Tous ont insisté sur la nécessité de « rebâtir les ponts » entre les néo-Québécois et le PQ. « L’indépendance, on va la faire avec tout le monde », a martelé Mme Ouellet.

Le « quatrième candidat », Pierre Céré, a accueilli comme une bouffée d’oxygène le ton nouveau du PQ sur le thème sensible des valeurs québécoises. Il estime que le PQ a fait « évoluer » son discours en matière d’identité depuis le coup d’envoi de la course. « Le débat n’est pas fini pour autant », a indiqué l’ancien porte-parole du Conseil national des chômeurs et chômeuses. « On n’a pas le droit de mener ce débat sur la laïcité sur le dos des autres. Il y a des fossés qui se sont creusés entre le PQ et les immigrants », a-t-il affirmé durant la soirée.Pierre Céré a appelé à l’avènement d’un « PQ 2.0 », tendant la main à tout le monde. « Nous gagnerons les coeurs [des nouveaux arrivants] ou nous ne gagnerons pas le [prochain référendum sur l’indépendance du Québec] », a-t-il insisté.

À quelques jours du premier tour de scrutin, Pierre Karl Péladeau a dit avoir pris note des préoccupations des militants du PQ au fil des derniers mois. « Vous m’avez dit : “ Nous devons nous rassembler et travailler ensemble. ” Je vous dis : message reçu ! »Les quatre candidats ont croisé le fer pour une dernière fois avant le premier tour de scrutin. Les quelque 70 000 membres en règle du PQ seront appelés à voter de mercredi à vendredi prochain pour l’un ou l’autre des quatre candidats — si Pierre Céré réussit à mettre la main sur les 10 000 dollars nécessaires d’ici là. La course aux dons « a été un combat de tous les instants », a affirmé M. Céré jeudi soir. Pierre Karl Péladeau sera couronné chef du PQ vendredi prochain, à moins que ses adversaires réussissent à faire mentir les sondages. Ils devront recueillir plus de 50 % des votes afin de forcer la tenue d’un deuxième tour. « Rien n’est jamais écrit d’avance », a averti Alexandre Cloutier.

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