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Jila Varoquier 

Sceaux, mai 2015. L’Orangerie a déjà recueilli une douzaine de sculptures d’origine, récupérées aux quatre coins du monde, qui habillaient le parc il y a plusieurs siècles. Sceaux. Parmi elles, cette statue appelée Hercule Farnèse (lire l’encadré)
Sceaux, mai 2015. L’Orangerie a déjà recueilli une douzaine de sculptures d’origine, récupérées aux quatre coins du monde, qui habillaient le parc il y a plusieurs siècles. Sceaux. Parmi elles, cette statue appelée Hercule Farnèse (lire l’encadré) (LP/J. VA.)

Elles ont été disséminées par les soubresauts de l’histoire aux quatre coins du monde. Une partie des 160 sculptures originales qui ornaient le parc du domaine de Sceaux au XVIIe siècle vont retrouver leur propriété d’origine. Elles seront accueillies dans l’Orangerie, qui achève tout juste sa rénovation.

De quoi redonner à cette ancienne galerie d’art au XVIIe siècle, sa splendeur d’antan. « Lors de la Révolution, les œuvres ont été saisies par la Nation et disséminées dans les musées et les jardins publics », explique Dominique Breme, directeur du domaine de Sceaux.

Depuis, les équipes ont engagé un long travail de fourmi pour les retrouver, avec les rares indices dont elles disposent. Notamment quelques inventaires dressés lorsque les statues ont été déposées dans les musées régionaux, ou encore à l’aide de documents provenant d’églises ou de particuliers qui les ont par la suite récupérées. Une fois l’œuvre localisée, les historiens de l’art doivent encore s’assurer qu’il s’agit de l’originale : « Nous avons par exemple de bonnes raisons de croire que le Gladiateur Borghèse des Invalides était celui de Sceaux. Nous avons réalisé des prélèvements pour vérifier la nature du bronze, nous assurer que la cheville cassée l’est au bon endroit, etc ». Un travail d’autant plus difficile qu’en amont, aucune liste n’existe sur le détail des œuvres qui ornaient le parc de Sceaux à l’époque de Colbert : « Là encore, nous ne disposons que de bribes dans les correspondances ou les descriptions de l’époque. C’est pourquoi il est exclu de pouvoir un jour réunir la totalité des pièces », poursuit Dominique Berne. Une douzaine d’œuvres du jardin de Sceaux ont déjà été rapatriées à l’Orangerie, comme la Minerve casquée, Apollon et Daphné, ou l’Hercule de Farnèse, jusqu’alors conservés dans le jardin des Tuileries, l’École des Beaux-arts ou encore au Musée du Louvre. Les particuliers ne pourront toutefois les observer qu’à l’occasion des Nuits des musées ou Journées du patrimoine, à la demande de groupes, ou à l’occasion de concerts. Comme prochainement celui de la Maîtrise des Hauts-de-Seine, les 27 et 28 mai.

Les folles aventures millénaires d’Hercule Farnèse Il semble paisible, installé dans la galerie de l’Orangerie de Sceaux. Pourtant, voilà plus de 2 500 ans que sa main repose sur sa massue recouverte en partie d’une peau de lion, et que l’autre cache une pomme qu’il vient de cueillir dans le jardin des Hespérides.

L’histoire de cette statue, Hercule Farnèse, débute en effet au IVe siècle avant Jésus-Christ, quand le sculpteur Lysippe de Sycione crée cette œuvre de bronze. Quelques siècles plus tard, les Romains, séduits par l’art grec, en réalisent une copie en marbre. Celle-ci est retrouvée au XVIe siècle dans les thermes de Caracalla, à Rome. Les Farnèse l’installent alors dans leur palais romain*. C’est là que le marquis de Seignelay, propriétaire du château de Sceaux et de passage à Rome, s’en éprend. Une copie en marbre est réalisée à sa demande par Giovanni Comino, et prend place dans les jardins de Sceaux.

Mais en 1795 environ, à la Révolution, elle est saisie par la Nation qui la dépose dans le jardin public des Tuileries. La statue n’en bougera pas pendant un siècle et demi… jusqu’en 2011. À la demande du domaine de Sceaux, deux copies d’Hercule sont réalisées. L’une prend place dans le jardin des Tuileries, l’autre dans celui de Sceaux. L’originale, quant à elle, a désormais trouvé refuge dans l’Orangerie.

*Elle est aujourd’hui visible au musée archéologique national de Naples.