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Liban-syrieLe parti chiite a assuré avoir repris hier avec le régime syrien le contrôle de Assal el-Ward ainsi que la région de Qorné, qui était utilisée par les rebelles pour lancer des attaques.

Par Béchara MAROUN

Des rebelles syriens dans la région montagneuse du Qalamoun, en septembre 2014. Wissam al-Omor/AFP/Archives/

Le Hezbollah a consolidé hier ses positions sur des collines du côté syrien de la frontière avec le Liban, marquant un progrès dans le Qalamoun. Depuis mercredi, le Hezbollah mène avec l’armée syrienne une offensive dans les environs de Assal el-Ward, une localité que le régime a ainsi pu récupérer. Hier, à l’aube, le parti chiite a mené une opération militaire dans le jurd de Tfaïl (une localité libanaise enclavée en Syrie) et de Assal el-Ward, à l’est du jurd de Brital, suivi d’un assaut de très grande envergure.

Une source militaire syrienne sur le terrain a indiqué que « l’armée syrienne et ses alliés ont avancé dans les environs de Assal el-Ward ». Alors qu’il assurait avoir repris avec le régime le contrôle des 45 kilomètres carrés sur lesquels s’étend Assal el-Ward, ainsi que la région de Qorné, « d’une importance stratégique », le Hezbollah a également annoncé la mort de dizaines de rebelles dont un leader du Front al-Nosra. Dans l’après-midi, l’aviation syrienne a aussi bombardé les positions des rebelles à Wadi Hmayed, dans le jurd de Ersal, au Liban, alors que des informations de presse faisaient état du déplacement de nombreux Syriens à partir de Ersal jusqu’aux hauteurs de la localité.

Ce développement intervient deux jours après que le secrétaire général du parti, Hassan Nasrallah, a menacé de chasser les insurgés retranchés dans la région syrienne du Qalamoun, sans pour autant en préciser la date.
« Le Hezbollah et le régime syrien ont pris des collines dans cette région après l’avoir intensément bombardée avec des missiles iraniens de type Bourkane et des missiles sol-sol de moyenne portée », a indiqué de son côté l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Pour sa part, un porte-parole du Front al-Nosra a nié hier toute avancée du Hezbollah. « Les combats se poursuivent dans la région de Assal el-Ward », a-t-il dit à l’AFP, alors que l’« Armée de la conquête » regroupant plusieurs formations rebelles syriennes annonçait avoir contré de nombreuses offensives du Hezbollah, dans le jurd de Brital, affirmant avoir fait des victimes dans les rangs du parti.
Selon des informations de presse au Liban, deux combattants du Hezbollah, Khodr Hassan Alaeddine et Hassan Mahmoud Bajouk, ont été tués hier.

Pour ce qui est de l’armée libanaise, un responsable militaire a déclaré à l’agence turque Anatolie sous couvert d’anonymat que « la troupe ne participera à aucune bataille contre des groupes armés syriens, sauf pour défendre nos positions et notre territoire ».
Par ailleurs, en soirée, une source des services de sécurité libanais a rapporté la chute dans la Békaa de deux obus tirés du côté syrien de la frontière par les rebelles, sans faire état de victimes. L’un des obus est tombé à deux kilomètres et l’autre à 10 km de Baalbeck. Dans la nuit de mercredi à jeudi, un groupuscule armé avait essayé de s’infiltrer de la région de Masnaa-Souaïri vers le territoire syrien. Il est tombé dans une embuscade tendue par l’armée libanaise et des accrochages ont eu lieu par la suite. Un obus a également été lancé dans la nuit du côté syrien sur les villages de Manara et Souaïri, dans la Békaa-Ouest, sans faire de victimes.

Une intervention qui divise
Alors que le député du Hezbollah Nawar el-Sahili assurait hier que la « Résistance » allait sortir victorieuse du Qalamoun, le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, a estimé que « cette bataille du Qalamoun n’est pas stratégique ». « Elle vise surtout à remonter le moral du régime après ses revers face aux rebelles, notamment dans le nord du pays, ces dernières semaines, a-t-il dit à l’AFP.

Depuis Baalbeck, le député Émile Rahmé a cependant estimé que la menace sur le Liban est bien réelle et que l’intervention du Hezbollah était nécessaire pour sauver le pays. « Une tumeur takfiriste prend de l’ampleur dans notre jurd, a-t-il assuré à L’Orient-Le Jour. Il serait peut-être temps de mettre la politique de côté et de reconnaître que le danger est réel. Nous avons longtemps appelé à une collaboration entre les armées syrienne et libanaise, mais cela a été empêché sous le prétexte de la politique de distanciation. Mais l’intervention du parti de Dieu vient aujourd’hui nous réconforter et est très importante. Il est nécessaire de récupérer cet espace vital de notre territoire, car 450 kilomètres carrés environ sont à la merci des terroristes. » « Nous sommes conscients de la menace, mais nous faisons confiance à la Résistance qui protège plus de 80 kilomètres le long des frontières et à l’armée qui en protège 40. Le seul point faible pourrait être la région de Ersal », a-t-il poursuivi. « Si les choses se poursuivent comme aujourd’hui, une grande victoire semblable à celle du 25 mai (2000) contre les Israéliens nous attend », a-t-il indiqué, critiquant les propos dénonçant la participation du Hezbollah à la bataille du Qalamoun et les qualifiant de « politique vindicative ».

Mercredi, le député du courtant du Futur Atef Majdalani avait estimé sur Radio-Orient que « le Hezbollah s’entête à monopoliser la décision de guerre ou de paix sans prendre en considération les répercussions que cela pourrait avoir sur le Liban ». Le leader des Forces libanaises Samir Geagea avait pour sa part répondu via Twitter au secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. « J’ai longuement observé la carte libanaise, mais je n’ai pas trouvé de village à la frontière qui s’appelle Sanaa ou Qalamoun », a-t-il écrit en reprenant les propos de Nasrallah selon lesquels « nos guerres sont défensives de Sanaa au Qalamoun «. « Est-ce que quelqu’un peut m’expliquer de quelles guerres défensives parle Nasrallah et qui l’a chargé de déclarer des guerres défensives au nom des Libanais ? » s’était-il interrogé.

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