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Le Premier ministre conservateur David Cameron a remporté jeudi une victoire surprise d’ampleur aux législatives britanniques. Manquant d’un siège la majorité absolue selon une projection BBC

Le Premier ministre britannique et son parti obtiennent 325 députés, à un siège de la majorité absolue.

Avec 325 sièges sur 650, selon la BBC, le Premier ministre conservateur David Cameron a remporté jeudi une victoire surprise d’ampleur aux législatives britanniques, tandis qu’en Ecosse les nationalistes du SNP réalisaient un raz-de-marée de nature à galvaniser leurs ardeurs indépendantistes. « C’est une très grande nuit pour le parti conservateur », a-t-il déclaré en réaction à la déclaration du leader travailliste Ed Miliband, qui a admis vendredi matin que la nuit avait été « très décevante » pour son parti.

Si les résultats qui s’égrenaient dans la nuit et jusque tard vendredi confirment la surprenante prévision énoncée à 21h00 GMT, le chef des Tories sera en mesure de former un gouvernement minoritaire, et d’organiser comme il l’a promis un référendum sur le maintien ou pas du Royaume-Uni dans l’Union européenne d’ici 2017.
La perspective d’un « Brexit » (pour « British Exit ») inquiète les partenaires européens de Londres et les milieux d’affaires britanniques.  Dans un premier temps cependant, la nouvelle de la victoire des conservateurs aux dépens des travaillistes s’est traduite par un bond de la livre britannique face au dollar et à l’euro vendredi à la Bourse de Tokyo.
Ed Miliband, 45 ans, que les sondages plaçaient depuis six mois au coude à coude avec les conservateurs, et le dirigeant libéral-démocrate Nick Clegg, 48 ans, vice-Premier ministre dans le gouvernement de coalition sortant, apparaissent comme les grands perdants du scrutin, à l’avenir politique compromis. Clegg, « il est fini », a tranché Patrick Dunleavy, politologue à la London School of Economics (LSE).
Réalisé auprès de 22.000 électeurs par les principales chaînes de télévision, le sondage sortie des urnes donne 316 sièges aux Tories (neuf de plus qu’en 2010), contre 239 aux travaillistes (18 de moins).
Les nationalistes écossais du SNP rafleraient 58 des 59 sièges de députés en jeu dans leur région autonome jusqu’ici considérée comme un fief travailliste inexpugnable. Le SNP décuplerait presque sa représentation à la Chambre des Communes.
A 02h30 (01h30 GMT), les nationalistes ont obtenu une victoire symbole de la déconfiture travailliste, avec l’élection de Mhairi Black, une étudiante de 20 ans qui devient la plus jeune députée de Westminster depuis 1667, au détriment du député sortant et cadre du Labour, Douglas Alexander.
Moins d’une heure plus tard, c’était au tour du chef du Labour écossais, Jim Murphy, de perdre son siège au profit d’un candidat SNP.
La chef de file du SNP Nicola Sturgeon a cependant eu le triomphe modeste, doutant que son parti soit en mesure de remporter tous les sièges écossais sauf un comme l’annonce le sondage sortie des urnes.
Ses partisans à Glasgow et Edimbourg ne faisaient pas mystère de leur volonté « de revanche », au sortir de l’isoloir. Ils aspirent à la tenue d’un nouveau référendum d’indépendance, après un premier rendez-vous manqué en septembre.
Le nombre des députés lib-dems s’effondrerait de 56 à 10. Le parti populiste et europhobe Ukip, triomphateur des élections européennes de 2014 mais victime du mode de scrutin législatif uninominal à un tour, conserverait deux sièges, en dépit de 14% d’intentions de vote. Son dirigeant, Nigel Farage, était menacé à South Thanet. Il a annoncé qu’en cas d’échec « il tirerait le rideau ».

A contrario, « David Cameron a sensiblement accru sa stature. Il est assuré de rester Premier ministre, même s’il n’a pas encore la majorité absolue », selon Patrick Dunleavy.
« C’est une victoire très très claire pour les conservateurs et une très mauvaise nuit pour le Labour », s’est félicité le maire conservateur de Londres Boris Johnson, pressenti pour succéder à M. Cameron. L’arithmétique électorale impose à un parti d’obtenir 326 sièges sur 650 pour gouverner seul.
Au cas où les résultats définitifs s’avéreraient moins favorables, David Cameron devrait entamer rapidement des négociations avec des alliés potentiels, susceptibles de le soutenir au coup par coup lors de votes clés au parlement.
Le DUP nord-irlandais et les lib-dems seraient alors des interlocuteurs privilégiés même si l’aile droite et eurosceptique du parti Tory se passerait bien des libéraux-démocrates.
David Cameron « se ferait des amis » en distribuant davantage de portefeuilles aux membres de son parti, a commenté Tony Travers, directeur de la LSE.
Celui qui a longtemps paru à la peine pour engranger les dividendes de ses succès économiques, de nature à rendre jaloux la plupart des dirigeants européens, a promis, une semaine avant le scrutin, d’adopter une loi garantissant un gel généralisé des impôts pendant cinq ans.
Pendant toute la campagne, ses adversaires lui ont reproché le creusement des inégalités et une politique anti-sociale.
Holger Schmieding, économiste de la banque Berenberg, a estimé que les sondages « constituaient une bonne nouvelle pour les perspectives économiques britanniques ».
« Pourquoi changer ? Les conservateurs font du bon boulot pour l’économie », jubilait pour sa part Grant, qui travaille à la City, attablé au Draft House Seething, un pub en proie à l’effervescence.
Plus de 45 millions d’électeurs étaient appelés à voter dans les 50.000 bureaux de vote ouverts dans des lieux parfois insolites, avec des urnes ouvertes dans des pubs, des écoles primaires, des églises, un autobus scolaire, une caravane, un moulin à vent, une maison de retraite et même un temple hindou et un funérarium.

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