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Le président cubain Raul Castro PHOTO ANATOLY MALTSEV, AFP
Jean-Louis DE LA VAISSIERE
Le président Raul Castro se rend dimanche au Vatican pour y rencontrer le pape François et le remercier de ses bons offices qui ont permis le rapprochement historique en cours avec les États-Unis.
Annoncée en début de semaine seulement, cette visite du président de l’île communiste, qui viendra de Moscou, aura lieu un peu plus de quatre mois avant l’étape que fera Jorge Bergoglio en septembre à La Havane, sur sa route qui le mènera aux États-Unis où l’attendra Barack Obama.
Raul Castro sera reçu dans la matinée par François pour un entretien «strictement privé», a indiqué le Vatican. M. Castro s’entretiendra ensuite avec le président du Conseil Matteo Renzi.
Son frère aîné, Fidel, s’était rendu au Vatican en 1996 pour y voir Jean Paul II: visite qui avait préparé le terrain au voyage historique du pape polonais à Cuba deux ans plus tard.
Le Vatican et le pape François ont joué un rôle important dans le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis en décembre dernier, après plus de cinquante ans de tensions.
Le Vatican avait révélé une médiation personnelle du souverain pontife, qui avait écrit aux deux chefs d’Etat. Le Vatican avait aussi reçu discrètement des délégations des deux pays en octobre.
Le secrétaire d’Etat (numéro deux) Pietro Parolin, ancien nonce au Venezuela, et le substitut (numéro trois) Giovanni Angelo Becciu, ancien nonce à La Havane, sont des très bons connaisseurs du dossier, et ont préparé le terrain.
«Que le monde s’ouvre à Cuba et que Cuba s’ouvre au monde», avait lancé Jean Paul II en 1998 à La Havane: vingt ans d’efforts ont porté leurs fruits. Le Saint-Siège a été apprécié par le régime communiste, car il l’a toujours appuyé dans sa demande de levée de l’embargo américain.
En contrepartie, dans un ferme soutien à l’Église locale, il a demandé une libéralisation du régime et l’élargissement des prisonniers politiques, souvent des catholiques engagés. Il a aussi maintenu ses distances avec les opposants les plus virulents basés à Miami, qui voulaient un renversement par la force du régime marxiste.
Rôle déterminant de l’Église cubaine
Quand il était cardinal de Buenos Aires, Jorge Bergoglio s’était intéressé personnellement à la question cubaine, écrivant même en 1998 un essai intitulé, «Dialogue entre Jean Paul II et Fidel Castro».
Cette lune de miel entre Cuba et le Vatican est aussi la conséquence du rôle déterminant de l’Église cubaine, et notamment du cardinal de La Havane, Jaime Lucas Ortega, qui se sont imposés comme interlocuteurs obligés du régime, à la fois fermes et prêts à la discussion.
Le pape François «réitérera certainement» à La Havane la double invitation de Jean Paul II à Cuba et au monde, «maintenant que Cuba s’efforce de s’impliquer davantage dans le monde économique et les relations internationales», a estimé auprès de l’agence italienne Adnkronos le théologien américain et ex-ambassadeur auprès du Saint-Siège, Miguel Diaz.