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Les élections britanniques, avec la victoire des conservateurs et le référendum sur le maintien dans l’UE en 2017 ont suscité beaucoup de commentaires. Sur Europe 1, Valéry Giscard d’Estaing et Daniel Cohn-Bendit ont démontré le manque de respect criant qu’ils ont pour la démocratie.

La démocratie étouffée

Tout a commencé vendredi matin, où l’ancien président de la République, qui avait co-dirigé la rédaction de la Constitution Européenne que nous avions été 55% à rejeter en mai 2005, avant que nos parlementaires trahissent le peuple en votant un texte quasiment identique, le traité de Lisbonne, commentait le résultat de l’élection britannique. Il a soutenu que l’Europe était un sujet trop complexe pour demander l’avis du peuple. Curieuse assertion ! En quoi les textes européens seraient plus complexes que les lois nationales ou les choix démocratiques auxquels les électeurs sont confrontés à chaque élection. Si l’Europe est trop complexe pour demander son avis au peuple, c’est la voie ouverte à l’autocratie…

Mais lundi matin, Daniel Cohn-Bendit n’était pas satisfait par les propos de celui qui est un des pères de cette Europe. En effet, devant l’insistance de l’interviewer, il avait fini par admettre qu’il aurait voté Cameron. Rien de bien suprenant à ce qu’un homme de droite Français préfère le candidat de droite outre-Manche ! Sauf pour Daniel Cohn-Bendit. Parce que Cameron a promis un référendum sur la sortie de l’UE, alors un homme de droite véritablement européen devrait être prêt à voter pour la gauche pour éviter que le peuple n’ait à se prononcer sur la construction européenne. Le pire est que la figure de mai 1968 serait sans doute prêt à voter à droite pour éviter un référendum promis par la gauche…

Peuplophobie et autoritarisme

Ces deux interventions a priori anodines, sont extraordinairement révélatrices de la pensée d’une certaine élite. Difficile de ne pas y voir une véritable forme de xénophobie à l’égard de l’électeur moyen, pas assez intelligent selon Valéry Giscard d’Estaing pour saisir tout l’intérêt de ces traités européens qui n’ont pourtant pas permis à notre continent une grande prospérité depuis plus de trois décennies. VGE juge les électeurs trop bêtes. Il lui est sans doute plus confortable de remettre en cause le jugement des Français, qui ne l’ont pas réélu, plutôt que de se remettre en cause lui. Voici une attitude toute aristocratique guère surprenante de la part de celui qui fut le plus jeune président de la République.

Mais Daniel Cohn-Bendit n’est pas mieux, loin de là. Pour lui, mieux vaut trahir ses idées pour s’assurer que les électeurs n’auront pas leur mot à dire sur l’Europe. Celui qui défend tellement la liberté a une fâcheuse tendance à verser dans un autoritarisme antidémocratique. Il devrait être le premier à vouloir des élections pour défendre ses idées. Mais il se méfie tant de la démocratie qu’il veut à tout prix éviter les référendums et place sa religion européenne tellement haut qu’il préfère sacrifier ses idées plutôt que de donner au peuple la parole. Si cela continue, dans quelques années, les dirigeants chinois pourraient bien donner des leçons de démocratie aux hiérarques européens s’ils en viennent à leurs fins.

Il faut se souvenir de ce que VGE et Daniel Cohn-Bendit ont dit. Au détour d’une banale interview, ils ont révélé à quel point les ayatollahs eurolibéraux peuvent verser dans un vrai refus de la démocratie, ce qui confirme totalement la thèse du livre d’Emmanuel Todd, « Après la démocratie ».

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