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Le diable est vraiment dans les détails concernant les chiffres de la croissance du premier trimestre. 0,6% de croissance sur un trimestre représente théoriquement une bonne performance. Mais l’examen des résultats communiqués par l’INSEE donne un résultat beaucoup plus contrasté.

Des fondamentaux encore au rouge

En effet, l’évolution du PIB dépend de quatre facteurs : la consommation, les stocks, le solde commercial et l’investissement. Or, le 0,6% de hausse trimestrielle se décompose en 1,1 point de hausse des stocks et de la consommation et 0,5 point de baisse du solde commercial et de l’investissement. La France productive est toujours déprimée puisque l’investissement affiche son 5ème trimestre consécutif de recul et la balance commerciale contribue de manière négative pour la 4ème fois en cinq trimestres, sachant que le 4ème trimestre de l’année est en général positif. Cela est d’autant plus décevant que la monnaie unique européenne a beaucoup baissé, mais les exportations n’ont pas suivi.

Bien sûr, étant donné que nous vendons plus de la moitié de nos exportations à nos voisins européens, la déprime économique du continent ne soutient pas la demande pour nos produits. Et, encore une fois, les importations progressent plus vite que les exportations, la légère remontée du prix du pétrole ayant peut-être un peu joué. En outre, avec un chômage qui ne baisse pas et des salaires qui ne progressent pas, on peut craindre que cette progression la consommation ne soit pas durable et qu’elle ne se reproduise pas. De même, la très forte hausse des stocks (stables, le PIB n’aurait cru que de 0,1%…) pourrait être suivie d’une forte baisse qui pénaliserait la croissance le prochain trimestre.

Vers une reprise molle ?

Même si le chiffre de 0,6% de croissance doit beaucoup à des effets conjoncturels non reproductibles (que ce soit sur la consommation ou les stocks) et que les fondamentaux restent négatifs, ces chiffres semblent bien valider le scénario sur lequel compte le gouvernement. L’objectif de croissance devrait être tenu pour cette année, voir même légèrement dépassé, l’acquis de croissance étant déjà significatif. Et même si les investissements continuent à reculer, la vitesse du recul faiblit. En outre, on peut voir dans le dynamisme de la consommation la conséquence du relatif relâchement de la contrainte budgétaire, permise par la baisse des taux d’intérêt, l’Etat n’appuyant plus trop sur le frein.

Du coup, on se dirige bien vers le scénario d’une reprise, certes limitée, inégale et temporaire, entre 1 et 1,5% pour 2015 et potentiellement d’au moins 1,5% en 2016, si le prix du pétrole et le cours de l’euro ne bougent pas trop. D’ailleurs, le moral des entreprises semble progresser, d’autant plus que les résultats financiers sont bons et que les bourses sont en hausse. Ce sera suffisant pour limiter la pression budgétaire sur le budget mais insuffisant pour vraiment faire reculer le chômage. En réalité, les problèmes de fond de notre économie (concurrence déloyale, problèmes structurels de la monnaie unique, course suicidaire à la compétitivité) n’ont pas été réglés. Il ne s’agit que d’un répit.

Bref, les résultats sont loin d’être aussi bons que les chiffres du seul trimestre, non détaillés, ne l’indiquent. Les ressorts de la croissance sont déséquilibrés et si une reprise molle semble se confirmer, elle restera bien trop limitée, bien trop inégale, et probablement de courte durée.

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