par KOCH de Basile
Sous ce titre de polar, le documentariste Bernard George racontait, l’autre mardi sur France 3, une histoire aussi extraordinaire que méconnue : l’ « opération Némésis. »
Entre 1920 et 1922, une organisation clandestine arménienne a exécuté méthodiquement les huit principaux responsables du génocide, réfugiés à travers toute l’Europe.
Par cette décision, la jeune République de Weimar entend aussi marquer sa différence avec le Reich de Guillaume II, complice au moins passif des exactions commises par les Turcs, dont il était l’allié.
Sorte de James Bond arménien, Tehlirian est un agent entraîné au combat, qui a déjà plusieurs « missions » à son actif. Sauf que cette fois-ci, on lui donne deux ordres : dézinguer le grand ordonnateur des massacres, et se laisser arrêter ! En effet, son procès fait partie du plan, afin de propulser le génocide arménien au centre de l’actualité.
Un plan minutieusement préparé depuis 1918, de la levée des fonds dans la diaspora arménienne au recrutement du commando et au procès de Tehlirian lui-même : n’a-t-il pas été choisi, entre autres qualités, parce qu’il était protestant – détail susceptible d’influencer favorablement le jury berlinois ?
En conclusion, le documentaire retrace les grandes étapes de la radicalisation des Jeunes-Turcs – depuis leur prise du pouvoir en 1908, saluée par Jaurès en personne, jusqu’à la déportation des Arméniens « pour des raisons de sécurité » en 1914 et leur extermination dès l’année suivante. En quinze mois, ce sont 1,2 millions d’hommes, de femmes et d’enfants, soit les deux tiers des Arméniens de l’empire, qui seront ainsi systématiquement massacrés.
Une fois de temps en temps, ça changerait des pignolades sanguinolentes à la Tarantino, comme ce grotesque Inglorious Basterds où Brad Pitt assassine Hitler et son état-major dans un ciné parisien…