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The Economist a été fondé au 19ème siècle pour défendre le libre-échange face à des lois protectionnistes. Dans un nouveau papier qui prend position en faveur de l’accord de libre-échange entre les Etats-Unis et l’Asie, il glisse néanmoins des arguments intéressants pour ceux qui s’y opposent.

Le côté obscur du libre-échange

Il faut reconnaître à The Economist l’honnêteté de citer des sources qui contredisent son discours favorable au libre-échange. Il cite une étude de l’université de Pennsylvanie qui affirme que depuis 2008, le salaire médian aurait progressé de 3% sans importation, et même de 15% pour les emplois les plus basiques. Il cite également une étude selon laquelle un quart des emplois perdus dans l’industrie de 1990 à 2007 serait le fait des importations chinoises. Pire, une autre étude d’économistes de la Fed et de Yale est plus sévère, puisqu’elle attribue au commerce avec la Chine, l’entière responsabilité des pertes d’emplois industriels depuis 2000, et a fait perdre la bagatelle de 30% de ces emplois !

On peut aussi rappeler les travaux de Maurice Allais, dont les conclusions vont dans le même sens. Enfin, le contre-exemple le plus criant est la réussite du modèle de développement asiatique qui profite de l’ouverture de ses clients tout en limitant les importations. De plus, même si le libre-échange génèrerait de la richesse, il faudrait encore qu’elle soit relativement bien répartie. Or l’explosion des inégalités, et l’appauvrissement de plus en plus patent des classes populaires, voir moyennes, des pays dits développés démontre bien que le libre-échange ne leur profite pas, mais pèse sur leur condition de vie, du fait de la mise en concurrence avec des travailleurs dont les salaires peuvent être 10 à 20 fois plus bas.

Des bénéfices totalement irréalistes

Bien sûr, The Economist rapporte l’argument de la Chambre de Commerce des Etats-Unis, pour qui une famille moyenne gagnerait pas moins de 10 000 dollars par an de pouvoir d’achat grâce aux importations. Mais, outre le fait que la source du chiffre amène à être a minima prudent, il faut noter que les importations représentent autour 16,5% du PIB aux Etats-Unis, et que le revenu moyen d’une famille atteint environ 40 000 dollars par an. Bien sûr, les salaires chinois sont bien plus bas, mais une partie des importations des Etats-Unis sont des matières premières (sans économie) ou viennent de pays riches. Selon les statistiques de l’OMC, la moitié des importations sont dans dans ce cas.

Au final, cela signifie que 3 300 dollars d’importations consommées par les ménages étasuniens devraient générer 10 000 dollars d’économie, soit que les importations coûteraient, transport et taxes compris, pas moins de 4 fois moins que la production locale ! Cela est d’autant moins crédible que les défenseurs du libre-échange ne cessent de nous abreuver de la fragmentation de la chaine de production, avec le cas de l’Iphone, qui, s’il est produit en Chine, comporte des composants du monde entier. Bref, de simples calculs permettent de montrer que les partisans du libre-échange racontent de véritables sornettes pour défendre leur cause, sornettes démontables en quelques calculs.

Encore plus effarant, The Economist cite des sondages qui indiquent un soutien grandissant des étasuniens pour le libre-échange. Heureusement, les démocrates viennent de refuser à Barack Obama un blanc-seing pour négocier. Et les citoyens des pays européens sont plus réalistes sur le libre-échange.

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