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au balcon, Dominique Jamet, Le Monde, Palmyre, regarde, spectateur indifférent, Syrie

Vestiges improbables, restes miraculeux d’une cité antique, plus ancienne que l’islam, que l’Hégire, que le christianisme. Colonnades encore hantées par les ombres de l’empereur Aurélien et de la reine Zénobie, temples, forums, tombeaux dressés depuis deux mille ans dans le désert, qui avaient jusqu’ici résisté aux outrages du temps et triomphé de la fureur des hommes. Témoignage précieux de la multiplicité, de la diversité, de la richesse des civilisations et des cultures. Élément du patrimoine commun à toute l’humanité, pan de notre passé, part de notre mémoire collective à l’égal de la grotte d’Altamira, des pyramides de Gizeh, des canaux de Venise, des cathédrales gothiques, du château de Versailles, du palais de Pétersbourg. Haut lieu pour la réflexion, la méditation, l’admiration. L’art, la beauté, ce peu qui distingue notre espèce des autres espèces animales et que les Barbares haïssent, attaquent, ravagent, détruisent en priorité.
Palmyre… Les loups sont entrés dans Palmyre. Après Nimroud, Mossoul, Hatra, ils réservent le même sort aux vivants qui leur résistent et aux monuments qui les contemplent et les bravent. Et le monde, au balcon, spectateur indifférent, regarde.