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Manifestation d'enseignants mardi à Paris. Le décret et l'arrêté sur la réforme du collège sont publiés mercredi au Journal officiel. La ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkcaem a déclaré que le gouvernement ne pouvait "plus perdre de temps" sur la réforme du collège. /Photo prise le 19 mai 2015/REUTERS/Philippe Wojazer

 PARIS (Reuters) – Le gouvernement n’entend « plus perdre de temps » sur la réforme du collège, dont le décret et l’arrêté sont publiés mercredi au Journal officiel au lendemain de la grève des enseignants, a déclaré la ministre de l’Education Najat Vallaud-Belkacem.

Le SNES-FSU, premier syndicat du secondaire qui a revendiqué mardi plus de 50% de grévistes, a dénoncé « une provocation, une faute ». L’organisation réclamait une suspension de la réforme pour engager des discussions avec le ministère de l’Education.

« Le Premier ministre commet une faute lourde. Non seulement ça ne va pas faire taire la contestation, mais ça risque de réveiller certains qui étaient prêts à des ajustements plus mesurés, là ils vont vraiment considérer qu’on les méprise », a réagi sur iTELE Frédérique Rolet, co-secrétaire du SNES.

« Si le gouvernement n’entend pas, il y aura grèves et manifestations à la rentrée », a-t-elle prévenu.

L’ancien ministre de l’Education François Bayrou a déploré sur BFM TV un passage en force et appelé à une « manifestation nationale » des enseignants, « le seul recours qu’on leur laisse ».

Le député UMP Bruno Le Maire, qui mène la contestation à droite contre la réforme, s’est élevé pour sa part contre « une provocation » qui dénote selon lui « le mépris de Manuel Valls pour le débat, les élèves et les enseignants ».

« Ce passage en force renforce ma détermination à combattre la réforme du collège avec les 300 parlementaires et 26.000 signataires de mon appel » au retrait de la réforme, déclare-t-il sur Twitter.

Pour l’ancien Premier ministre UMP François Fillon, qui fut aussi ministre de l’Education, « il faut que la communauté éducative trouve les moyens de réagir à ce passage en force ».

« Pour ma part, je n’appelle jamais à des manifestations (…) parce que je considère que le rôle des hommes politiques c’est d’expliquer leurs arguments », a-t-il commenté sur France Inter.

« LA NÉCESSITÉ DU DIALOGUE »

Réponse de Najat Vallaud-Belkacem sur France Info : « Nous avons besoin sur cette réforme du collège de ne plus perdre de temps, nous devons aller vite, précisément pour pouvoir répondre aux interrogations (…), c’est-à-dire veiller à ce que tous les professeurs soient bien accompagnés, bien formés ».

« Si vous ne publiez pas maintenant le décret, quand est-ce que vous commencez cette formation? Soyons juste un peu sérieux », a-t-elle poursuivi. « C’est une façon de dire, au cas où tout le monde ne l’aurait pas encore compris, que cette réforme se fera ». Elle a récusé toute « précipitation ».

Le décret et l’arrêté relatifs à « l’organisation des enseignements au collège » détaillent l’ensemble des mesures de la réforme qui entrera en vigueur en 2016, y compris les plus contestées, comme l’instauration d’enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI), des travaux en groupes prévus à partir de la 5e sur des thèmes tels que « Corps, santé, bien-être et sécurité » ou « Information, communication, citoyenneté ».

Ce dispositif, qui laisse aux établissements une marge de manoeuvre de 20% pour l’apprentissage des sujets « transversaux », cristallise les inquiétudes des enseignants.

La ministre de l’Education a de nouveau assuré que sa porte restait « ouverte » aux organisations syndicales pour préparer au mieux la réforme.

La discussion « a eu lieu, elle doit continuer », a affirmé sur RTL le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll.

« Il ne faut pas opposer la publication du décret avec la nécessité du dialogue », a-t-il ajouté, considérant qu’il s’agissait là d' »une marque de détermination », non d’autorité.

(Sophie Louet)

http://fr.reuters.com